Fortress
4.6
Fortress

Film de Stuart Gordon (1992)

Dans un futur indéterminé, l'avortement est interdit mais les femmes ne peuvent avoir plus d'un enfant. John Brennick et sa femme Loryn ont perdu le leur en bas âge et tentent, contre la loi, d'en avoir un deuxième. Ils se font prendre alors qu'ils tentent de passer la frontière. John est envoyé dans la Fortress, une prison de haute sécurité tenue par la corporation Men Tel. On lui fourre une sonde gastrique explosive et électrique dans l'estomac : s'il désobéit, il reçoit de la douleur. Ses rêves sont scannés par des robots patrouilleurs montés sur rail au plafond des couloirs. Est-il vraiment impossible de s'évader de cet enfer ?


Non, bien sûr. Après avoir dessoudé Maddox, un caïd meurtrier qui lui cherchait des crosses, John devient une figure dans la prison. Surtout, il a récupéré sur le cadavre du caïd sa sonde gastrique. Mais Poe, le directeur de la prison, qui aime bien mater les rêves érotiques de ses prisonniers, contre l'avis de l'I. A., décide de lui faire subir un lavage de cerveau. Cependant Loryn, détenue quelques niveaux plus haut, est convoquée chez lui : Poe épargne John, devenu un légume, en échange que Loryn lui tienne compagnie. Loryn découvre que Poe est mi-homme, mi-cyborg: il ne dort pas et ne se nourrit pas. Elle le convainct de boire du champagne, qui le fait s'évanouir, et en profite pour rendre à John sa personnalité. Celui-ci, avec l'aide du binoclard de la chambrée, trouve un moyen d'extraire à la dure les sondes gastriques. Ils déclenchent ensuite une fausse bagarre qui fait détonner la sonde de Maddox, ouvrant le chemin à un tuyau d'aération de taille humaine. La suite est plus confuse : Poe lance à leur trousse des cyborgs tueurs, tandis que l'I. A. le destitue de ses fonctions à cause de son attachement pour Loryn, laquelle est envoyée en salle d'opération pour qu'on extraie son enfant... à la scie sauteuse sans anesthésie (les technologies d'accouchement semblent avoir régressé dans ce futur alternatif). Heureusement le binoclard inocule, avant d'être tué par un cyborg, un virus qui corrompt l'I. A., et Loryn, John et le jeune Mexicain de service s'enfuient dans le camion pénitentiaire (sans une pensée pour les autres détenus laissés derrière). Ils s'arrêtent dans une ferme pour que Loryn accouche, et là... l'I. A. prend contrôle du camion pénitentiaire ! Elle tue le Mex mais John arrive à détruire le camion à la mitrailleuse-lance-flamme. Le film se clôt sur les mines béates des deux parents : leur enfant est né.


Il est un peu fauché, ce film, et il a cette touche "fin des années 80", genre Tango et Cash. Il ne fait pas bon être un faire-valoir de Christophe Lambert : vos chances de survie sont faibles face à cet homme d'acier qui porte le film sur ses épaules.


Difficile en effet de noter un film de Christophe Lambert comme un autre film, c'est vraiment un genre en soi, ne serait-ce qu'à cause du jeu de cet acteur inclassable, qui fait passer les pires absurdités avec une facilité déconcertante. A noter que Lambert joue un homme décérébré par un lavage de cerveau avec un grand talent. Et mon Dieu, cette scène d'introduction, où il est à deux doigts d'interpréter son rire légendaire ! J'en ai des frissons....


Du coup, que dire du scénario ? C'est de la dystopie classique, avec un sauveur qui va tout faire péter, mais le film ne résoud rien si ce n'est la survie immédiate des principaux protagonistes (et ça vaut mieux comme ça), et la dernière demi-heure est des plus confuses. Surtout, certains ressorts scénaristiques sont gros, notamment le fait que Poe choisisse précisément la femme de John pour être sa compagne, ce qui va bien faciliter le plan d'évasion, ou le fait qu'un de ses camarades de cellule soit le barbier de Poe. Du coup, à s'évader sans péril, on triomphe sans gloire, tueurs cyborgs ou pas. Ha, et le passé d'ancien soldat de John, qui trainerait le souvenir d'une opération ratée où il aurait perdu son escouade sauf Loryn, qui devient sa femme, tout cela fait très plaqué, sans véritable incidence sur la caractérisation du personnage. Les faire-valoirs sont ultra-conventionnels : le black blasé à la Morgan Freeman, le gros balèze au crane rasé et au bouc qui veut te faire la peau au début, le nerd binoclard, le jeune cholo... Finalement on voit peu la vie de la prison en-dehors de ces personnages. Manque de budget ou scénario fainéant ?


Il y a aussi ces incohérences scénaristiques, comme garder trois détenus dans une cage à lasers obligeant à se tenir debout pour faire avouer qui a commencé une bagarre, alors que le début du film donne l'impression que rien n'échappe à la vidéosurveillance. On te vend une prison de haute sécurité, pour un quart d'heure plus tard te montrer à quel point le système est bourré de failles. Décevant, peut mieux faire.


L'une des pires scènes est celle où un camion fonce sur la grange où Loryn se prépare à accoucher : Christophe Lambert, une mitrailleuse au poing, canarde le camion tout en mettant sa femme en train d'accoucher hors d'atteinte. Des fois, il est dangereux de trop condenser l'action, et à vouloir être trop dramatique, on vire dans le ridicule.


Finalement, le film reste mémorable pour sa créativité en termes de bidules technologiques : les sondes gastriques, la séquence de lavage de cerveau psychédélique, avec Lambert qui tourne, pieds et poings en croix sur un cercle à double axe de rotation. Ha, et cette salle de contrôle formée d'un mur d'écrans empilés, tellement fin des années 1980 ! Les cyborgs sont pas mal, les effets 3D aussi.


Ce n'est pas un grand film, le scénario est téléphoné mais ça se regarde sans déplaisir.

zardoz6704
6
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le 18 juin 2016

Critique lue 563 fois

zardoz6704

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