Avec son trio d'animaux vedettes, Foxcatcher réussit la synthèse du film d'auteur et du divertissement. Basé sur une histoire vraie au pitch moins excitant qu'un synopsis de Danny Boon, le film déroule son ambiance oppressante dans le cadre maitrisé d'une caméra claustrophobique.
Le film parle de ce rêve américain foudroyé, cette illusion à laquelle trop de gens ont cru. Mark Shulz, le gorille, champion de lutte, des années d'effort et d'abnégation pour tutoyer les sommets avec le mépris de sa nation à l'arrivée. David, le chimpanzé, malin, observateur, avec un sourire réconfortant. Figure paternelle, c'est un médiateur qui agit toujours pour le bien de sa famille. John, l'aigle, le nez du rapace, il regarde son entourage avec un détachement de façade mais rien ne lui échappe. A l'image de sa mère qui possède ses chevaux, il possède ses lutteurs. Il cherchera toute sa vie la reconnaissance d'une mère qui la lui refusera jusqu'à sa mort. Cruelle désillusion que celle où il se met en scène dans une parodie d'entrainement devant sa génitrice attristée. Sa mère lui refuse le sentiment d'adoration, il l'impose à ses valets.
La grande réussite de ce Foxcatcher est de rendre lisible tous ses traits sans les appuyer. Nuancé sans être hermétique, explicatif sans être démonstratif, Miller parvient dans un équilibre délicat à lier ses personnages avec justesse. Même la musique, modèle de discrétion, effleure à peine les émotions, un subtil frémissement. Le cadre de l'action, toujours contenu, contribue à cette sensation d'enfermement et d’aliénation. L'explosion finale, avec ce paysage neigeux, calme et serein, annonce dans sa plénitude la violence du futur dénouement.