Une histoire de lutte

Foxcatcher, c'est l'histoire de deux frères champions de lutte. Foxcatcher, c'est aussi l'histoire d'un millionnaire rentier raté qui rêve d'une vie plus glorieuse que la sienne. Et c'est surtout la rencontre de ces trois personnalités. Ainsi, John Du Pont, riche héritier de la famille Du Pont, décide t-il du jour au lendemain de "coacher" deux frères champions de lutte libre. Si Dave décline d'abord l'offre, Mark la saisit et se rend en Pennsylvanie au sein de la "Foxcatcher Farm" pour s'y entraîner pour les championnats du monde et les JO de Séoul de 1988. Et cela porte ses fruits, et finalement son frère Dave va finir par le rejoindre.. Mais entre temps, les choses ont changé...
Bien sûr il s'agit ici d'un film sur le sport, sur la rigueur de ces compétiteurs. Mais c'est aussi une métaphore, un prétexte à observer la déchéance de ces grandes familles enrichies par l'industrie et qui donnent naissance à des citoyens nantis qui ne trouvent leur place dans la société qu'à grand renfort d'argent. John Du Pont en est un parfait exemple. Cet homme se présentait comme un philanthrope, un homme de bien. Au final, on s'aperçoit assez rapidement du néant qui a entouré sa vie, faite de luxe mais aussi et surtout de solitude. Il s'improvise tout d'un coup coach de luxe et installe une team dans sa propriété, avec tout l'équipement nécessaire. Il se fait appeler mentor, se rêve en exemple. Mais il ne connaît rien à la lutte, n'a pas de charisme, ne fait qu'assister aux événements. Il aime à se montrer et à manipuler son monde. Les deux frères sont ainsi les bénéficiaires de ses largesses mais aussi les victimes de sa folie.
Ce film, d'une facture très académique, pêche peut être par certains aspects, notamment quelques longueurs ; mais sait aussi nous surprendre quand on ne s'y attend pas.
Mark Ruffalo est impeccable, comme à son habitude et Channing Tatum endosse encore une fois le costume du sportif pas très loquasse qui paraît un peu limité. Mais surtout, il faut noter l'excellente interprétation de Steve Carell, dans un rôle à l'opposé de ceux auxquels il nous a habitué. Il est la petite plus value de ce film de Bennett Miller, dans la digne lignée du Stratège.