France de Meurs est une icône adulée de tous, en passant par le président de la République. Journaliste pour la chaîne d’informations « i », cette Marianne journaliste effectue des reportages à l’international, en pleine guerre syrienne ou en suivant une embarcation de réfugiés sur la Méditerranée.
Jusqu'au jour où un incident du quotidien lui fait ravaler son orgueil et rappeler le poids mortifère de la célébrité. Une descente dans les Enfers, à la mesure de ses chutes lacrymales, jusqu'à la scène où le visage de France, déformé par ses larmes, devient monstrueux.


On sent dans ce film la colère profonde, jusqu'au mépris certain du réalisateur pour le journalisme d'aujourd'hui, où tout est scoop, où tout est "hyper" quelque chose. L'hyper-subjectivité de France et de son regard égocentrique sur l'actualité internationale. Le terrain est sa scène de théâtre où elle dirige de grosses productions destinées à faire une grosse audience. D'où l'hyper-infantilisation des spectateurs, hyper-exposés aux réseaux sociaux et à la communication qui a remplacé l'information. Enfin l'hyper-sexualisation de la femme journaliste, poupée de cire prête à défiler.


En voulant mettre à jour la grossièreté du journalisme, le film pâtit lui-même de lourdeur et tombe dans le cliché (comme le jeune en scooter et sa famille issue de l'immigration). Ou est-ce la vision biaisée de France qui sévit encore une fois? Si France est arrogante et vulgaire, son assistante est pire, à la limité de l'humain. Le rire est jaune, et on ne peut que regretter que celui qui remet France magistralement à sa place soit un politicien d'extrême droite.


Après cette série de blâmes, le réalisateur laisse-t-il un espace pour une sorte de rédemption? Même dans la clinique de repos au décor montagnard de rêve, le milieu abject du journalisme vient la rattraper. La reconversion dans le reportage de vie pourrait être une tentative de s'ouvrir aux autres et de laisser la paroles aux gens lambdas.
Même si la mise en scène n'est jamais loin...

Nuwanda_dps
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le 13 sept. 2021

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Emilie Rosier

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