Ce film a une histoire intéressante. A la base, ce n’est qu’un film d’exploitation. Il faut comprendre par là qu’il répondait avant tout à une logique commerciale. Les monstres sont dans la tendance (Dracula, le monstre de Frankenstein) et il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Ainsi est né Freaks. Comme un film d’épouvante donc. Pas loin d’un siècle plus tard, on peut mesurer l’effet qu’a eu ce petit film. Hans est une personne de petite taille. Il vit dans un cirque avec d’autres personnes au physique extraordinaire. Il est diablement attiré par la trapéziste de la troupe, grande et belle comme une héroïne de cinéma. Mais celle-ci ne fera que se jouer de sa naïveté, jusqu’à le mettre en danger. Les autres de la bande ne vont pas apprécier cette attitude. De prime abord, on est frappé par l’ambiance très étrange du film. Car les personnages hors norme que l’on voit à l’écran sont joués par des acteurs eux-même hors norme. Au départ, il y a le doute, puis la certitude qu’on ne nous ment pas. Bien sûr, ces « monstres » vont se révéler plus humains que leurs bourreaux. C’est la beauté intérieure que Browning tente de mettre en avant. Ce thème, on le retrouvera souvent plus tard, systématiquement associé au travail de Browning. On citera surtout le Elephant Man de Lynch et une bonne partie de la filmo de Burton. Le petit film est donc devenu un jalon majeur dans l’histoire du cinéma fantastique. Le réalisme des personnages est mis en avant par une photo superbe en clair-obscur, tantôt effrayante tantôt solaire. Bien sûr, si le public d’alors a ressenti de la peur, c’est aujourd’hui surtout de l’empathie que l’on ressentira.