C’est probablement le film le plus réussi de Tod Browning pour bon nombre de cinéphiles. Pourtant, Freaks me laisse un goût assez amer, surtout au niveau du fond que je trouve extrêmement simpliste.

Ce n’est pourtant pas une œuvre complètement ratée. Elle est même assez authentique puisque Browning a travaillé dans le milieu du cirque. Les « monstres » étaient bien montrés de la sorte dans les cirques, traités comme des animaux et suscitant les moqueries des hommes physiquement « normaux ».

J’aime particulièrement bien les vingt dernières minutes de cette œuvre, déjà très courte. Nous sommes dans le format du moyen-métrage, d’une durée d’à peine une heure pour ce film. J’aime cette partie parce qu’elle est remplie de tension. La réalisation est impeccable et dans l’ensemble, aidé par le format, ça ne manque jamais de rythme. Sur la forme, on ne peut rien reprocher à Browning.

C’est sur le fond que l’œuvre me pose beaucoup plus de problème. Outre le côté assez voyeuriste et parfois humiliant que Browning me semble également transmettre dans son début de film, le sujet est bien trop manichéen que pour me convaincre entièrement. Face à la monstruosité physique de ces êtres difformes, on confronte la monstruosité morale des êtres humains qui s’inscrivent dans la normalité.

Voilà de quoi être dégoûté par l’humanité toute entière, une vision extrêmement sombre de la morale humaine. S’il est évident que les moqueries existent, si je pense que chacun d’entre nous, à une période de sa vie, a parfois regardé un être qui est différent de soi avec une forme de moquerie ou de jugement, le portrait que fait Browning de l’humanité est bien trop sombre. Et ce n’est pas les deux personnages (le clown et sa compagne), appartenant à une morale jugée bonne de l’humanité qui contrebalanceront. En effet, leur rôle est bien trop secondaire que pour s’attacher vraiment. Browning semble juger cette catégorie de personnes comme trop rare. Et quand bien même, il fait affronter une humanité possédant d’une part une vertu sans faille et de l’autre côté des monstres moraux sans qualité.

Nous savons parfaitement que l’être humain ne se résume pas à un constat aussi simpliste, chacun possède une zone d’ombre et une zone de qualité. Je confirme donc que le récit est bien trop simpliste et assez réducteur que pour me convaincre.
batman1985
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le 30 sept. 2013

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