Si le dispositif temporel qui jouait sur la chronologie à la manière de Groundhog Day (Harold Ramis, 1993) fonctionnait assez bien dans Happy Death Day et sa suite, il faut bien reconnaître que celui mis en place dans Freaky, par le même réalisateur, peine à convaincre et donne lieu à une montée en puissance du n’importe quoi proche du ridicule. Ce transfert d’identités, le meurtrier et sa victime échangeant leurs corps, n’est pas sans rappeler bon nombre de comédies américaines – notamment Freaky Friday (Mark Waters, 2003), auquel le présent film rend hommage dès son titre, ou encore The Change-Up (David Dobkin, 2011) – ainsi que la saga Chucky dans laquelle un criminel se réincarnait en poupée ; le souci, c’est que ce canevas s’ajoute à tout un arrière-plan mystique que le long métrage refuse d’installer, lui donnant des airs de deus ex machina des plus désagréables proches de la série Z.


Nous pourrions aisément dire que ces effets discordants sont recherchés pour eux-mêmes et que Christopher Landon s’amuse à pasticher les genres dans le but de produire un nanar jouissif. Pourtant, les intentions n’équivalent pas à leur concrétisation artistique, les ambitions du réalisateur accouchent d’une forme bâtarde et stérile aux allures de clips compilés les uns à la suite des autres avec moult ralentis inutiles et chansons décalées. Dit autrement, la transgression reste en surface là où elle aurait dû creuser les références cinématographiques convoquées afin de miner, par le rire, leurs fondations. En lieu et place, un déluge de bêtise et d’idées farfelues qui ne vaut que pour l’inventivité de certaines scènes de gore, et pour sa partition musicale que signe l’excellent compositeur Bear McCreary.


Un petit ratage qui prouve que tous les dispositifs, aussi ingénieux puissent-ils paraître sur le papier, ne se valent ni ne se suffisent pour prétendre faire du cinéma.

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le 5 déc. 2020

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