Funny Games fait véritablement l'effet d'un coup de poing dans les boyaux. Il s'agit d'un thriller unique en son genre, usant de codes qu'on ne trouvera dans aucun autre film.
Un peu comme dans Le Plongeon, le film commence innocemment, avec une famille joyeuse et apaisée, qui ne se doute absolument pas que ses vacances puissent aller autant à la dérive. La scène d'introduction, dans laquelle ils écoutent de la musique classique brutalement coupée par du métal, laisse déjà présager le tragique destin qui les attend. Cependant, seul le spectateur a conscience de cet indice, et a par conséquent une longueur d'avance sur la famille.
Évidemment, l'avantage que nous avons sur la pauvre famille n'est qu'illusoire, car les nombreux regards-caméras qui brisent magnifiquement le 4ème mur nous incluent dans cette histoire, et à ce moment-là nous nous retrouvons également impuissants. Cette impuissance se confirme lors de la scène du rembobinage, durant laquelle les antagonistes prouvent leur contrôle sur la situation, contrôle que le spectateur et même le réalisateur n'ont pas.
Les antagonistes, vêtus d'un blanc immaculé, symbole de pureté (leurs gants sont blancs aussi), sont des paradoxes par leur style vestimentaire, mais également par leur caractère, à mi-chemin entre la courtoisie et la violence, voire la torture physique et mentale. Cela les rend complètement imprévisibles, et nous met personnellement en situation de danger.
Les acteurs, les couleurs, le parfait dosage entre suspense et détente (détente évidemment encore une fois illusoire), tout est parfaitement millimétré dans ce film.
J'imagine qu'on pourrait reprocher la longueur de certaines scènes, notamment après la mort du gamin, où on a droit à un plan-séquence de 10 minutes où l'action n'avance pas. Après tout, il se justifie facilement : nous vivons à cet instant la scène en temps réel, dans le même état de choc que les parents.
Funny Games est incontournable. C'est là l'un des meilleurs films à suspens, et malgré l'hyper violence dont font preuve certaines scènes, le film n'est jamais vulgaire, invraisemblable ou dans l'exagération. Tout est parfaitement dosé, et Pierre et Paul ne vous lâcherons pas.