Critique : G.I. Joe : Conspiration (par Cineshow.fr)

C’était à l’été 2009. G.I. Joe premier du nom débarquait sur nos écrans en proposant l’un des spectacles les plus décérébrés de l’année mais franchement fun, notamment en refusant systématiquement de se prendre au sérieux. Mis en scène par un yes man pas vraiment manche, Stephen Sommers à qui l’on devait notamment La Momie, cette adaptation de la licence Hasbro avait pour elle d’assurer niveau spectacle en repoussant les limites du n’importe quoi dans une bonne humeur salvatrice. Revendiquant un franc succès au box-office (300 millions de recettes), la suite n’était qu’une question de temps. Programmée à la base pour l’été 2012, la promotion fut stoppée en deux temps trois mouvements à quelques jours de la sortie US soit disant pour convertir le film dans une 3D d’exception (on en rigolait d’avance). La rumeur voulait que les projections tests aient été très mal reçues suite à la mort très tôt dans l’intrigue d’un personnage du premier film et surtout, d’une star très fortement montante aux USA, je vous laisse deviner qui…

Depuis, 9 mois se sont passés, Channing Tatum est revenu bien exposé sur le matériel de promotion et tout le monde imagine sans mal que les sessions de reshoot ont dû foisonner pendant la période. G.I. Joe 2 intitulé Conspiration s’inscrit dans la suite logique du premier film mais voit son casting revu en profondeur, seul Tatum demeurant rescapé de la première mission. Exit donc le français Said Taghmaoui, Rachel Nichols ou encore Sienna Miller mais bonjours la recrue de gros bras, Dwayne “The Rock” Johnson (une équipe de G.I. Joe à lui tout seul) qui semble idéalement choisi et enfin Bruce Willis qui ne semble jamais rassasié de multiplier les apparitions nonchalantes pour financer son train de vie. Changement de chef d’orchestre derrière la caméra également puisque Sommers n’étant plus de la partie, c’est Jon Chu (Sexy Dance 2, Sexy Dance 3D, Never say never (le docu sur Justin Bieber) qui qui a été missionné pour reprendre le flambeau. Un choix pas vraiment évident au premier regard mais qui s’avère au final loin d’être idiot, la saga G.I. Joe privilégiant l’image au contenu, un parti pris assumé dans lequel Jon Chu se révèle plutôt à l’aise.

Vous l’aurez compris si le film n’est pas un reboot, il fait malgré tout table rase d’un certain nombre d’éléments le rattachant au premier opus. Pourtant, la grande histoire entre le monde et le Cobra Commander est une nouvelle fois au coeur du récit puisque l’enjeu global n’est autre que de détruire la planète. Zartan a conservé son costume de Président des Etats Unis pour une gestion politique pour le moins originale. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, tous les chefs d’états sont convoqués et la guerre atomique semble être inéluctable. On s’en serait douté, G.I. Joe ne va pas chercher à insuffler une certaine finesse absente du premier film, son intrigue extrêmement sommaire de vengeance après les incidents présents en début de film servant surtout de prétexte à de la destruction massive et des scènes de fight en tout genre. Et force est de constater que G.I. Joe : Conspiration rempli son contrat plus que de raison. Primaire mais souvent jouissif, il offre 1h50 de spectacle dopé à la testostérone mainstream, mis en scène avec un sens visuel clairement pas inintéressant lorsque le montage arrive à rendre hommage aux images, une vraie surprise. Alors que le premier opus amusait par l’aspect souvent kitch de sa réalisation, le second volet s’affranchi de toute intrigue secondaire ralentissant le mouvement général (à l’exception de quelques digressions humoristiques) pour faire du fan service et multiplier les séquences badass à grands coups de ninjas, de sabres et de sulfateuses.

Paramount avait bien compris en dévoilant quelques minutes de la fameuse séquence en tyrolienne lorsque Snake Eyes et Jinx kidnappent Storm Shadow qu’elle servirait de locomotive à tout le film. Après coup, si elle n’est pas du tout la seule à impressionner nos mirettes, elle demeure malgré tout le point d’orgue de ce second volet en offrant un vrai spectacle aérien rempli de ninjas (et ça c’est cool) sublimé par une 3D franchement pas honteuse. G.I. Joe 2 m’a ainsi fait ravaler ma langue de vipère quant à la conversion pourrie pour masquer les reshoots. Il semble effectivement que la production ait décidé de se donner les moyens de réussir cette conversion pour offrir non seulement une vraie valeur ajoutée aux nombreuses séquences d’action mais aussi provoquer de nombreuses et salvatrices sensations vertigineuses lorsque la réalisation le demande.

Pourtant, malgré certaines qualités visuelles qu’il faut reconnaître au film, on ne saurait ignorer de réels problèmes structurant pour en faire un spectacle fun et réussi à 100%. En dépit de l’aspect simpliste du script, celui-ci peine régulièrement tant sa construction est approximative, la cohabitation des histoires parallèles n’aidant pas vraiment. Jon Chu tente par un montage loin d’être inspiré de faire fonctionner tout cela ensemble mais on ne pourra que constater que les passages de la team Dwayne Johnsson à ceux avec Snake Eyes dans les hauteurs montagnardes sont parfois franchement ratés. Dans la même veine, lorsqu’il s’agit de réinjecter du fil rouge et de suivre le déroulé du plan machiavélique du Cobra Commander, là encore Jon Chu peine à rendre l’entreprise fluide. A croire que le script a été vaguement torché avec quelques idées phares et que le réalisateur a dû se débrouiller sur place avec cela. En résulte un sérieux problème de cohérence générale et des éléments qui deviennent compliqués ou intriguant malgré la pauvreté générale de l’intrigue.

Compensant malgré tout par un excès de bonne volonté lorsqu’il s’agit de faire tout péter, Jon Chu réussi à maintenir l’entreprise à flot et donner ce que nous sommes venus chercher en offrant un spectacle d’action quasi non stop malgré des raccords très laborieux. C’est souvent hyper généreux, totalement dénué de sang ou de chair humaine pour rester visible par des enfants et ça assume son statut d’actionner débile et bourrin avec un certains panache et une vraie envie de bien faire. Dommage donc que Snake Eyes ne soit pas plus présent (tout tourne vraiment autour de Dwayne Johnsson et de Lady Jay (la remplaçante de Rachel Nichols pour contenter les mâles venus en masse au cinéma)) et surtout que Jon Chu ne s’en sorte pas vraiment lorsqu’il s’agit de filmer des combats de près. Parfois franchement illisibles et montés en dépit du bon sens, les fights au corps à corps ne demeureront pas vraiment l’argument phare de ce second volet, un regret d’autant plus grand que le bonhomme avait réussi à faire de belles choses à l’image avec ses Sexy Dance.

Calibré jusqu’aux ongles pour le divertissement familiale très masculin, G.I. Joe : Conspiration réussi là où le premier film échouait, à savoir combler les amateurs de blockbusters pour ses meilleures raisons et pas pour le coté nanar involontaire. Avec l’arrivée d’une valeur sûre comme Dwayne Johnson rendant n’importe quelle franchise pourrie plutôt cool et bien vénère (voir Fast and Furious), on se demande encore comment le premier film avait réussi à se passer de lui tant il rappelle l’état d’esprit d’un certains Schwarzi à la grande époque. Comme quoi, le ménage a dû bon. Et si la prestation de Bruce Willis sert avant tout le marketing du film plus que l’histoire malgré un rôle clef, ce dernier apporte une touche nostalgique et humoristique bien plus joyeuse que sa prestation catastrophique dans le dernier Die Hard. Jon Chu a su composer avec la pression sans doute énorme du studio et réussi sincèrement son entreprise en la rendant tout simplement euphorisante même si plombée par de sérieux problèmes de montage et un script bancal. Ce G.I. Joe nouvelle version réjouira probablement les fanas d’action et ouvre pour notre plus grand plaisir la saison des blockbusters 2013. Mine de rien, les autres devront s’aligner pour servir un spectacle aussi divertissant, mais avec Iron Man 3 en ligne de mire, on ne se fait pas trop de soucis d’autant qu’il devrait être autrement plus évolué au niveau du scénario…
mcrucq
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le 25 mars 2013

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Mathieu  CRUCQ

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