C'est l'histoire d'un film qui mérite un 2 mais qui obtient 4 parce qu'il est drôle

En fait, G.I. Joe : conspiration, c’est un film où tu te bidonnes avant même que le générique de début commence. Rien qu’avec la présentation des producteurs, t’as déjà le sourire jusqu’aux oreilles. Quelle idée aussi d’annoncer une célèbre marque de jouets pour gamins avec autant d’effets de manche : lettres en lamé métallique sur un fond sombre, une petite lumière mystérieuse et une musique grandiose. Déjà là, y’a de quoi se rouler par terre.

Mais bon, passons cette séquence prêtant le flanc à la moquerie pour aller voir ce qu’il en est réellement du film. G.I. Joe : conspiration est un pur film pop-corn où on tire d’abord et où on discute après (ou pas). Où il y a plein de gros flingues, de gros missiles, de gros muscles (surtout pour Dwayne Johnson) et de grosses explosions. Pour ce qui est du scénario et des dialogues, par contre, on vise plutôt le minimalisme (une feuille recto, c’est largement suffisant… pour les dialogues, j’entends, le scénar tenant sur une seule ligne).

Bon, je dis ça mais y’a des idées ma foi fort sympathiques : la confrontation des chefs d’état est une scène qui m’a beaucoup plu par exemple (la France est la dernière à lancer les hostilités et la première à tout arrêter, l’honneur est sauf). Ce combat à flanc de montagne est chouette aussi (d’une improbabilité à toute épreuve mais chouette quand même). Et j’ai bien aimé le père Firefly (ou Luciole, si on devait traduire en français). Mais bon, ce n’est pas ça qui peut transformer un navet en chef d’œuvre, G.I. Joe : conspiration reste donc dans la catégorie série W.

Pour ce qui est des personnages, au-delà de l’aspect totalement risible de leur nom (lorsque la voix off les présente, c’est limite si on ne s’attend pas à une petite musique genre « tundundun » (bien sombre, dark et re-sombre derrière) pour accompagner), ce sont tous des gros clichés. Nous avons donc Duke, le chef des gentils qui laisse son pote, Roadblock, donner tous les ordres (et dire les grâces au nom de Jay-Z). Channing Tatum qui joue son rôle de beau gosse légèrement balafré mais pas trop, sensible et nul aux jeux vidéo à la perfection. Ensuite, toujours dans le camp des gentils, il y a donc Roadblock – alias Dwayne Johnson alias j’ai des biceps aussi gros que ma tête et des tatouages pour faire joli dessus –, les gros bras de l’équipe, papa gâteau et amateur de grosses armes qui font tout péter le décor et qui distribue quelques bourre-pif à l’occasion. Puis nous avons Snake Eyes – alias Ray Park (Dark Maul et Le Crapaud de X-men 1 pour ceux qui auraient du mal à le situer) mais ça aurait pu être n’importe qui puisqu’on ne voit jamais sa tête –, un ninja qui se trimballe un katana uniquement pour les balades en montagne parce que le reste du temps, il utilise des armes automatiques. Et enfin, il y a les deux derniers tartampions qui sont uniquement là pour répondre aux quotas : un latino qui s’appelle Flint (et pour lequel je n’aurais rien de plus à dire puisqu’il ne sert à rien) et une bombasse appelée Lady Jaye (et elle mérite son titre de Lady à se promener en mission avec du mascara waterproof et sa paire de lunettes de soleil posée élégamment sur ses cheveux plutôt que sur son nez, le tout agrémenté d’une chevelure digne d’une réclame pour Jean-Louis David). On notera aussi la présence d’une seconde fille qui, étant asiatique, se prénomme astucieusement Jinx et qui parvient à mettre dans une cagoule ses 30 km de cheveux.

Pour ce qui est des méchants, ça va aller plus vite puisqu’ils sont moins nombreux. Déjà, on retrouve le négatif en blanc de Snake Eyes, Storm Shadow, qui lui, se sert de ses katanas, peut arrêter son cœur, peut se battre sous l’eau pendant 5 minutes sans souci et tient toujours debout après s’être pris une décharge de défibrillateur dans les harpions (à noter également ce striptease de toute beauté avec ce garde qui tombe nonchalamment en lui arrachant sa veste). Puis nous avons Zartan – alias le gouverneur Swann qui a quitté Port Royal pour la Maison Blanche – qui devait à la base être joué par Arnold Vosloo mais celui-ci étant occupé à boulotter des scarabées en Egypte, vous ne le verrez pas (ou juste à la fin pour une interprétation magistrale…). Ceci dit, voir Jonathan Pryce en méchant, ça mérite le détour. Ensuite, nous avons Destro qui… bah qui ne fait rien concrètement. Comme il a piqué une sucette à Storm Shadow, il est condamné à rester en hibernation dans son tube à essai. Et puis, on s’en fiche parce qu’il y a Firefly (Ray Stevenson) qui fait tout péter avec ses nanobots en forme de luciole (donc, c’est rigolo). Et à la tête de tout ce petit monde, il y a Cobra Commander (TUNDUNDUN), un croisement entre Mister Freeze et Vidocq, qui se dandine comme un top modèle sur un podium de Jean-Paul Gautier au moment de l’explosion finale (ils auraient mis la musique de cette pub pour un parfum où un mec est transformé en chien et une nana en or, ça aurait marché tout aussi bien).

Concernant l’histoire : en gros, le président des Etats-Unis ordonne du jour au lendemain d’éliminer les G.I. Joe, et ça, ça plaît moyennement aux rescapés de l’attaque dont le commando, parti chercher des têtes nucléaires au Pakistan à la demande dudit chef d’état, a été laminé par des missiles américains. A noter que, durant cette attaque, pour survivre aux déflagrations, le trio de survivants à la bonne idée de plonger dans un puits qui, d’après les paroles de Roadblock, semble être le point de ralliement. Le truc peut à peine contenir cinq pékins, s’il avait fallu y mettre tout le bataillon, le dernier aurait eu intérêt à bien viser pour ne pas offrir un sérieux mal de crâne à ses petits camarades. Mais, heureusement, ils ne sont que trois.

De toute façon, ce film est truffé d’incohérences. J’en veux pour preuve l’escalade de Snake Eyes et Jinx pour aller retrouver Storm Shadow. Le duo décide de grimper la face Nord de l’Himalaya pour redescendre le long de la face Sud où se trouve le chalet d’une vieille chaman qui peut se payer des lasers tout en s’éclairant à la bougie. C’est comme si, pour aller en Italie, on s’amusait à escalader le Mont Blanc plutôt que de passer par le tunnel. Parce que oui, il existe un chemin d’accès beaucoup plus pratique, que le duo aurait largement pu emprunter puisque tout le jeu de tyrolienne qu’il a installé au préalable pour préparer leur fuite du monastère n’a été repéré par personne. Ce passage est esthétiquement très chouette mais logiquement affreux. J’ai du mal à croire qu’il y ait autant de longueur de câble dans leur petit fusil de grimpette. Ceci n’est cependant qu’un exemple parmi tant d’autres. Vous pourrez d’ailleurs noter au passage que seule la mallette nucléaire américaine s’ouvre grâce à un système de reconnaissance d’iris. Pour tous les autres pays, il leur suffit d’ouvrir leur attaché-case, de pianoter la destination sur le clavier de contrôle et d’appuyer ensuite sur un bouton. N’importe quel pignouf peut donc balancer un missile nucléaire dans le jardin de son voisin (« C’est lui qu’a commencé ! Ses gosses ont jeté leur ballon sur mes bégonias ! »).

Pour la musique, rien de transcendant, si ce n’est ce petit passage techno des plus incongrus sur la destruction des chars « ennemis » par Dwayne Johnson. Question réalisation, un énorme bon point à noter : ce n’est pas filmé caméra à l’épaule. Tout est parfaitement lisible, le regard du spectateur n’a pas besoin de faire sans arrêt la mise au point pour rééquilibrer l’image, l’estomac du public reste gentiment à sa place et digère, pépère, son seau de glace double-caramel noix de pécan rhum-raisin chantilly cerise. Un vrai bonheur – et une vraie rareté, surtout pour un film d’action aussi récent. Rien à dire non plus sur les effets spéciaux : la destruction de Londres est magnifique.

En conclusion, c’est un film tout pourri s’il est pris au premier degré, mais qui permet de passer un bon moment si on sait poser son cerveau sur la table du séjour (ou sur l’accoudoir du fauteuil).

PS : je pensais avoir mal vu lors de mon visionnage mais ma vision est confirmée par les diverses critiques du film, les réalisateurs ont bien traduit « arm » (pour « armer »), par « bras » sur la mallette nucléaire française. Somptueux !
NicodemusLily
4
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le 25 août 2014

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