Fleischer de vivre, Hollywood chewing-gum

Gangster Squad c'est un casting à se pâmer. Gangster Squad c'est une photographie à tomber. Gangster Squad c'est de l'arquebusade à pléthore. Gangster Squad c'est une intrigue qui s'évapore. Gangster Squad c'est une ambiance fifties délicieusement douce-amère. Gangster Squad c'est un film qui verse ostensiblement dans la surenchère. Gangster Squad c'est l'occasion de voir Sean Penn avec un renifloir en plastique. Gangster Squad c'est un final balayant la balistique et refusant toute hystérésis pour finir littéralement pugilistique. Gangster Squad c'est Ryan qui couine, Sean qui cabotine et Brolin qui décalamine. Gangster Squad c'est simplement un film qui n'a pas su profiter de son casting.


 

Sweet Gangsterism



Je pense avoir suffisamment mentionné le nom du film pendant cette introduction. Si cela provoque un effet repoussant c'est naturel et voulu, ce procédé permettant de reconstituer le sentiment d’écœurement qu'entraîne la multiplicité des scènes d'actions au détriment de l'intrigue. Vendu comme le nouveau L.A. Confidential, il ne partage avec lui que le Los Angeles des années 50 ainsi-que le thème de la lutte contre le crime organisé et la corruption. Toute la dimension d'investigation qui faisait le sel du film de Curtis Hanson disparaît au profit d'une profusion de fusillades suivant un scénario linéaire et prévisible. Si dans ses rebondissements typiquement hollywoodiens la trame L.A Confidential restait plus ou moins convenue, le film offrait quand même une enquête plaisante et bien construite. Sans compter son atmosphère de polar noir ajoutant une véritable plus-value et donnant du caractère à la pellicule. Dans le cas présent c'est avec un bête film d'action ponctué de quelques touches d'humour communes aux productions actuelles que l'on se retrouve au lieu d'un thriller sombre suivant les pérégrinations d'une bande de vigilante sans scrupules. Là on a droit à du bourrinage intensif pendant presque deux heures. Si les scènes d'actions sont loin d'être mal faites le film perd en intérêt ce qu'il gagne en spectaculaire. Heureusement le côté film d'époque est soigné et bénéficie de superbes décors et costumes. La photographie est plutôt réussie bien que parfois trop suffisante et aguicheuse, donc du coup surfaite. Niveau réalisation on n'a aucune mauvaise surprise, c'est déjà ça. Niveau sonore si rien n'est mémorable, rien de choquant non plus : une bande-son tout simplement quelconque et passe partout.



Like a Rollig Stone



Emma Stone, si elle est tout à fait charmante dans son rôle n'offre cependant pas de prestation mémorable. Sa place serait plutôt dans un spot publicitaire pour Yves Rocher en fait parce-qu'en pin-up elle est moyennement crédible. Sean Penn est horrible dans ce film, il joue un espèce de nabot colérique, violent et grossier tout en cabotinant plus que Brad Pitt dans Fight Club. Le problème du cabotinage c'est que bien fait ça peut être excellent mais que dès que c'est raté ça fait tâche, et salement tâche. Dans le rôle de Mickey Cohen c'est juste outrancier, inutile et improbable tout en sonnant très faux. Surtout qu'il joue avec des bouts de plastique collés sur la figure, histoire d'enfoncer un peu plus le clou. J'ai été atrocement déçu, il est tellement capable de faire mieux que ça, c'est vraiment déplorable. Heureusement qu'il y a Josh Brolin pour relever un tant soit peu le niveau. Sa seule présence arriverait presque à rendre crédible les scènes d'actions tellement il en impose. Il a une vraie gueule, celle d'un mec élevé aux grillades, aux bourbon et aux flingues. Ancien militaire (ça ne s'invente pas) il est chargé de remettre un peu d'ordre dans cette bonne vieille cité des anges et ne le fait pas à moitié. Il est la dose de badass qui sauve le film. Robert Patrick est également excellent en cowboy as de la gâchette, mais dans le film c'est déplacé et surtout assez ridicule. Il s'agit d'un film de gangster se passant dans les années 50, et pas d'un western, même si certains éléments de ce genre sont empruntés. Le reste de l'équipe est peu mémorable, surtout Ryan Gosling. L'acteur fait pâle figure à côté de Brolin et a plus l'air d'un mollusque sous anxiolytiques qu'autre chose.



L.A Soprano



Sérieusement c'est quoi la voix de Ryan Gosling ? Qu'est-ce que ce foutu timbre de fausset ? Le réalisateur lui faisait respirer une bombonne d'hélium avant de le faire jouer ou quoi ? Il a du être châtré pour avoir un tel timbre de contreténor, ce n'est pas possible autrement. Si il s'agit de sa voix véritable, je comprends mieux pourquoi Refn le rend mutique dans ses films : c'est toujours préférable aux sons émis par les cordes vocales du minot. Saleté de falsettiste. Un autre élément insupportable est l’affligeant ralenti pendant la fusillade dans le hall du Park Plazza Hotel avec Sean Penn et Josh Brolin qui s'entre-mitraillent autour d'un sapin de noël géant. J'ai rarement vu de bullet-time aussi mal placé et laborieux. En prime on a droit au ralenti sur le fusil qui se décharge et sur la balle qui ricoche sur le sol. Certes le dernier est plutôt réussi en tant que tel mais totalement hors de propos. Mais l'apothéose en termes d'effets de style superfétatoires reste sans conteste la boule de Noël éclatée par une balle en slow-motion. D'ailleurs je ne savais pas que les faux cadeaux étaient pare-balles et qu'il était possible de rater une cible à 10 mètres en vidant un chargeur de fusil automatique. Et puis tant que l'on est dans le ridicule et l'insupportable comment ne pas mentionner le combat final entre Mickey et John qui est quand même foutrement ridicule. C'est limite si ils ne sortaient pas leurs bites respectives pour les comparer. Franchement, John tient Mickey en joue, mais non ce n'est pas assez, il faut qu'il jette son pistolet et entame un duel à mains nues. Comme ça, sans raison. Risible. La fin est également d'une mièvrerie totale et d'une niaiserie hallucinante, dans ce qui se fait de pire en final "à l'américaine".


 
C'est un film trop bien trop classique, autant foncièrement que formellement, et attendu : un Sean Penn cabotin, Emma Stone qui est presque hiératique, Ryan Gosling faisant du Ryan Gosling (sauf qu'il parle...) et seul Josh Brolin en imposant sans en faire trop. Reste une jolie photo, pleins (comprendre trop) de bons sentiments et un manichéisme patenté. Gangster Squad est loin d'être mémorable mais dans le genre divertissement pop-corn ça se tient, sauf que ça aurait quand même mieux été avec un scénario. Enfin je dis cela mais je ne dis rien... Malheureusement le film ne va pas chercher bien loin, et c'est franchement décevant parce-qu'avec un tel casting et un tel thème il était possible de faire un très grand film, doté d'une ambiance directement dans la lignée des polars de James Ellroy.

Brad-Pitre

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