Raconter l’histoire de personnes ayant réellement existé a, depuis longtemps, été un moyen pour divers cinéastes de se pencher sur certains sujets. En 1942, les biopics ne sont pas forcément monnaie courante, même si le monde venait, avec Citizen Kane (1941), de découvrir l’un des plus illustres représentants du genre. Un an plus tard, c’est Raoul Walsh, cinéaste émérite, qui nous propose le sien, avec Gentleman Jim.


Gentleman Jim, c’est l’histoire extraordinaire de James J. Corbett, l’un des premiers grands champions internationaux de boxe, qui connut son heure de gloire dans les dernières années du XIXe siècle. Issu d’une famille modeste, il travaille dans une banque. Il mène une vie relativement normale, mais ce qu’il désire plus que tout, c’est réussir. Enthousiaste, dynamique, incapable de tenir sur place, il ne veut surtout pas se satisfaire de sa condition actuelle, et devenir un citoyen modèle et respecté. Mais, pour ce faire, sa simple détermination n’est pas suffisante. Il lui faut quelque chose en plus, quelque chose qui lui permette de prouver son talent, et de gravir les échelons. Et c’est la boxe qui va lui donner cette chance.


Assister à l’ascension d’un homme grâce à la boxe fait forcément penser à un certain Rocky, un autre anonyme, fictif cette fois, qui réussit et obtint le respect du peuple grâce à sa pugnacité et à son talent de boxeur, bravant les obstacles et les épreuves qui se dressent sur son chemin. Un chemin parsemé d’écueils, qui contraste grandement avec celui suivi par James Corbett dans Gentleman Jim. Pas de sermons, pas de coups de poing dans des carcasses, pas de footing à l’aube. L’ascension de Corbett en tant que boxeur doit se coupler à une ascension sociale, à l’intégration dans une société mondaine qui lui permet d’exercer ses talents, lesquels talents lui permettent également d’avoir sa place dans cette société. Le parcours de James « Jim » Corbett est aussi clair que son culot est affirmé, où les jalousies et les a priori sont balayés par son aplomb, faisant de Gentleman Jim un film plein d’entrain, où l’on se sent invincible, où tout nous réussit.


James agace, car il est sûr de lui, il ne doute de rien, et cherche à s’imposer dans un milieu qui n’aime pas trop les agitateurs. Le choix d’Errol Flynn, déjà flamboyant en tant que Robin des Bois dans Les Aventures de Robin des Bois (1938), pour endosser le rôle, semble somme toute aussi logique que judicieux, tant il contribue à apporter l’énergie qui se dégage de ce personnage. Un personnage dont les défauts parviennent à se muer en qualités, car l’aventure, et la réussite, sont humaines avant tout. La boxe vient offrir une parabole sportive à cette lutte permanente, au dépassement, à l’enchaînement des victoires qui permet d’obtenir le respect et la réussite, poussant le dynamisme du métrage à son paroxysme à coups de jeux de jambes rapides et de crochets dévastateurs qui, grâce à une caméra toujours bien placé, font systématiquement mouche.


Dans ce tableau lumineux où un anonyme trouve la réussite sociale, Walsh nous fait penser à Capra. Le cinéaste nous emporte dans ce film plein d’enthousiasme et d’entrain, où tout paraît possible. La magie opère, tout fonctionne, et on a envie, nous aussi, de croire en nos rêves.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

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le 21 avr. 2020

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