Double jeu

En cette période de vide cinématographique, qui a conduit l’équipe du Masque et la Plume à évoquer, faute de mieux, le dernier film de Dominique Farrugia, Get Out semblait être la hype cinéphile du moment, où l’on nous promettait frissons et réflexion.

Avant tout, Get Out se veut un mélange des genres. Jordan Peele entreprend de mêler drame sociétal et thriller ; le résultat est assez confus. La première partie du film est assez prévisible et présente un intérêt tout relatif : Chris, jeune homme noir, rencontre pour la première fois les parents de sa petite amie, Rose, blanche. S’ensuit une cascade de discours attendus, portés par des acteurs ni bons, ni mauvais, et somme toute assez peu mémorables, avec un personnage, celui de Rose, assez insupportable dans sa révolte contre « l’extrémisme ». Mais l’extrémisme n’est pas là où l’on croit. L’extrémisme, c’est celui de Rose, qui analyse la moindre parole sortant de l’ordinaire comme une injure raciste.

Get Out aurait pu se contenter d’être un mauvais film sur la place des noirs dans la société américaine (le dernier en date a bien remporté l’Oscar du meilleur film…), mais il s’avère finalement être toute autre chose, en passant progressivement du conte sociétal mièvre et caricatural au thriller psychologique captivant et surprenant.

La transition est assez difficile, avec une succession de personnages dont on a du mal à saisir le but, et même l’intérêt en tant que personnages. Les relations entre tous les protagonistes, même entre Rose et Chris, ne sont pas suffisamment approfondies, conduisant à des incohérences apparentes.

Tout prendra sens dans les dernières minutes. En définitive, l’aspect thriller du film s’avère franchement réussi, grâce à une écriture des plus maîtrisées dans laquelle chaque élément nouveau est une surprise, et une ambiance des plus prenantes. Que Get Out soit finalement une demi-réussite ou un demi-échec, chacun sera juge, toujours est il qu'à la sortie du film, on reste sur une bonne note, qui nous ferait presque oublier qu’on a dû subir une heure de mièvrerie, de mise en place laborieuse et de dialogues insignifiants pour en arriver à quarante minutes agréables. Presque.