Get Out tombe à pic ! Entre un Trump élu et une vague de violences policières rappelant la période sombre de la ségrégation, Jordan Peele met les pieds dans le plat et provoque volontairement le malaise, tant sur le fond que sur la forme. Que ce soit par le truchement du thriller de divertissement ou par son approche radicale du fait d'être noir dans une Amérique qui vient de montrer toute l'ambivalence dont elle est la descendante via sa dernière élection, Get Out fait mal autant qu'il est jouissif.
La scène d'introduction est là pour montrer à la façon des films de genre horrifique, que la violence est bien au rendez-vous, même si le film prend un malin plaisir à se détourner d'abord de la violence sanglante supposée. C'est donc une autre forme de violence, sourde, opaque, à la limite de la paranoïa qui s'installe dans cette maison d'un autre temps. D'ailleurs tout semble perdu dans le passé, seul l'ami plein d'humour vient nous rappeler que quelque chose cloche. Au même titre que Chris, le spectateur est alors plongé dans une ambiance polie mais malsaine, on sent que quelque chose peut déraper sans pouvoir mettre le doigt dessus.
L'habileté de la mise en scène se retrouve aussi dans le scénario où les clichés jouent sur les deux tableaux : autant chez les noirs que chez les blancs. Pourtant Get Out traite bien du sujet épineux de l'Amérique, à savoir son passé pas si lointain et pas si révolu que cela. Car sous l'apparence d'un thriller se glisse un portrait sociétal réussi, opposant d'autant plus une Amérique des villes à une Amérique des campagnes.
Les tensions palpables se retrouvent dans des petits riens qui ne nous laisse pas indifférent ; par Chris on assiste nous aussi à une réalité décalée. L'hypnose, la photographie ou encore les thèses pseudo-scientifiques qui attirent Chris dans un piège, reflètent clairement un état des lieux, une demi conscience d'un monde qui se complaît dans la léthargie. Get Out va loin dans ses revendications, parfois à la limite du seuil comme dans un bon film de genre, mais c'est pour mieux asseoir sa vérité.

LuluCiné
8
Écrit par

Créée

le 28 mai 2017

Critique lue 291 fois

LuluCiné

Écrit par

Critique lue 291 fois

D'autres avis sur Get Out

Get Out
BobChoco
5

I told you so

Bon, pour ceux qui n'ont pas vu le film, passez votre chemin. Ce qui m'a attiré de prime abord, c'est le "genre : horreur" annoncé par la com sur la toile couplée au pitch: "Chris est noir. Chris...

le 22 mai 2017

136 j'aime

15

Get Out
Behind_the_Mask
7

I am not your negro

Wahou ! C'est que c'était bien, finalement, Get Out ! Behind est soulagé car il craignait d'avoir payé sa place pour un pamphlet politique qui aurait dépassé son genre de départ, que le masqué...

le 4 mai 2017

120 j'aime

7

Get Out
Clairette02
8

Man, I told you not to go in that house.

Des bienfaits de ne pas trop se renseigner sur un film... Je suis allée voir Get out en pensant qu'il s'agissait d'une comédie, portant sur le racisme aux Etats-Unis. Pas sûr que le terme de...

le 1 mai 2017

99 j'aime

8

Du même critique

Memento
LuluCiné
5

Critique de Memento par LuluCiné

Les adorateurs suprêmes de Nolan ne citent que Memento comme référence. Pour tous les autres n'ayant pas un avis surdosé sur le réalisateur, le film vaut le coup d’œil pour son montage décousu...

le 26 nov. 2014

32 j'aime

4

Hérédité
LuluCiné
5

Critique de Hérédité par LuluCiné

Et voilà qu’on nous refait le coup du renouveau du film d’horreur, et cela à bon escient car c’est pour mieux s’éloigner du produit ultra fabriqué surfant sur la vague du marketing et du jump-scare...

le 18 juin 2018

26 j'aime

2

Knight of Cups
LuluCiné
3

Critique de Knight of Cups par LuluCiné

Mieux vaut savoir à qui on a affaire quand on va voir un film de Terrence Malick, son cinéma n'est pas à la portée de tous mais garde un mysticisme et une palette des sensations qu'on aborde toujours...

le 25 nov. 2015

21 j'aime

2