S’il y a bien un point sur lequel le film est remarquable, c’est sur sa direction artistique. Tout est très beau. Le film donne à voir un futur extrêmement crédible où la réalité augmentée s’est infiltrée partout (sauf où il n’y a pas de richesse), et où l’artificiel est en passe de remplacer le naturel. Artistiquement il n’y a rien de vraiment révolutionnaire, tant les emprunts à « Blade runner » et Métal Hurlant en général sont criants, mais visuellement le film se distingue par l’attention rare et bluffante portée aux textures, dans cette société où le synthétique se mêle à la chair. Quant à la photographie blanc-bleutée, elle est sublime.
Il n’y a malheureusement plus d’autres qualités à louer pour ce film : sorti du pur domaine de l’image, « Ghost in the shell » n’a plus beaucoup d’intérêt. L’intrigue est molle et très conventionnelle, cochant toutes les étapes de la fiction « transhumaniste ». Tout ce qui faisait la beauté du film original de Mamoru Oshii a été perdue dans la trop grande volonté de transparence du film « live ». Ça commence ainsi très mal : les premières phrases prononcées dans le film expliquent illico la signification de son beau titre… qui une fois expliqué parait très bête.
Cette levée de mystère inaugurale annonce la suite, tout aussi décevante : « Ghost in the shell » version live s’acharne à dégonfler tout le vertige métaphysique du dessin animé. A force de tout expliquer et de ne jamais surprendre, par peur de sortir le spectateur de sa zone de confort (si typique des blockbusters), le film est vidé de toute émotion. On aimerait que ces si belles images remuent quelque chose en nous, mais il ne se passe rien de la première à la dernière minute, si ce n’est un sentiment de regret grandissant.
Pour ne rien arranger à ce déficit émotionnel, Scarlett Johansson joue son personnage de cyborg comme un robot – elle s’interdit donc d’exprimer la moindre émotion. A l’image du film tout entier, son interprétation est une belle mécanique froide.
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