L'histoire est celle d'une firme gouvernementale caucasienne, se comportant comme une transnationale lambda. Cette firme, dans une ville futuriste droit héritée du cinéma SF des années '80 comme si l'imaginaire collectif n'avait pas bougé depuis ... cette firme, plutôt que d'exploiter les corps pour la science, décide de s'en prendre à de gengens activistes technophobes asiatiques, en s'emmerdant à leur effacer la mémoire, pour ensuite transplanter leur cerveau dans un corps robotique.
Puis, misant que l'avenir de l'humanité allait en ce sens des transplantations de cerveaux dans des corps robotiques, cette méchante-méchante firme a la bonne idée de confier son premier sujet opérationnel à une unité spéciale de police, histoire d'avoir régulièrement à craindre sa destruction, encore qu'il s'agisse de méchants-méchants tests pour créer une super-arme, évidemment, et forcément très rentable.
Finalement, quand notre héroïne découvre qui elle est vraiment après moult références mal placées au manga - au milieu de philosophismes se résumant à dire "faîtes table rase du passé, vous êtes votre présent, même si votre Ghost hérité du passé est votre vertu, contradictoirement" (philosophismes qui d'ailleurs répondent nettement et sommairement aux questionnements du manga, en disant que nos mémoires et autres stimuli sont "du bruit" - dixit le pseudo-Batou - indépendant donc du Ghost devenu "vertu morale" donc ... ) - eh bien, disais-je, quand notre héroïne découvre la vérité sur son passé, c'est évidemment à une belle moralisation humanitaire que l'on a droit, quant à la méchanceté d'un trafic d'humains dont on aurait pu se passer puisque des gens donnent leur corps à la science.
Plus que cela, cette héroïne est flattée par sa mère dans son rôle de sauvageonne, et totalement laissée libre dans son insubordination par sa pseudo-figure du bon père forcément asiatique (contre la pseudo-figure du sale père forcément caucasien) ce qui est un non-sens hiérarchique et tactique, quand on est dans une unité spéciale de la police. J'en passe, et des plus connes, comme par exemple Batou réduit au rôle d'homme aveuglément soumis à sa collègue, "parce que c'est ça un bon ami" (!) qui pleure lorsque ses yeux doivent être cybernétisés, de ne plus pouvoir donner des os à grailler à des clebs errants.
C'est-à-dire qu'avec cette transsubstantiation de l'anime japonais au blockbuster dégueulasse, on a évidemment totalement quitté la profondeur de la mentalité shinto-bouddhique de Mamuro Oshii, pour un christianisme protestant des plus vils, encore que classiquement et bénéfiquement, cela s'en prenne aux mafias d'entreprises lucratives.
Un anti-Ghost in the Shell, en somme, dont les personnages ne se souciaient pas du tiers du quart des choses dont se soucient piètrement les personnages de ce produit dérivé. Espérons seulement qu'il reconduise ses spectateurs vers l'anime, plus logiquement.