♪ Ne suis-je pas un héros ? ♪

A la manière des trois personnages internés dans l'asile psychiatrique le mieux protégé du monde (hum), le spectateur du film se retrouve enfermé dans la logique infernale de Night Shaymalan... et obligé par la force des choses d'adhérer au postulat sur lequel repose le nœud de l'histoire.
Quel est-il ?
Le scénario avance l'idée suivante : les gens ignorent que parmi eux évoluent des personnes aux pouvoirs miraculeux qui sont des super-héros en puissance, super gentils ou super méchants. Une psychiatre entend démontrer à trois d'entre-eux qu'ils souffrent d'une maladie mentale qui les rend quelque peu mythomanes. Face à elle, les proches des trois "malades" entendent prouver que ces derniers sont de véritables super héros dotés de véritables capacités hors normes.
Une posture qui inverse la situation habituellement rencontrée dans les films où l'existence des super-héros est connue et acceptée par tout un chacun (la réalité de leur pouvoirs ne choque personne) et où nous spectateurs nous nous extasions des combats titanesques qui s'y produisent.
Et de fait, pour que les trois personnages clés de Shaymalan entrent dans ce schéma, encore faut-il que leur pouvoirs ne soient pas trop forts (un Superman ou la Chose auraient rapidement réglé la question), qu'ils soient en quelque sorte des super-héros mais pas trop non plus : des demis-super-héros donc. Et que les enjeux du film ne soient pas "comment dans une fiction des super héros peuvent sauver les gens d'une catastrophe/de la fin du monde...etc ?"mais "comment les super-héros peuvent-ils enfin se faire connaitre et échapper de leur statut légendaire (celui des comics qu'on voit dans le film) pour accéder enfin au monde réel ?"
Et à mon humble avis c'est sur cette différence subtile mais majeure que le film ne convainc pas.
Car la différence entre le réel et l'imaginaire, ça a du sens. La psychanalyse et plus largement la science contemporaine ont démontré que l'imaginaire servait à mettre le réel à distance, à nous en protéger. C'est le cas des rêves mais aussi des contes pour enfants ou des jeux avec personnages. C'est sa fonction, son utilité et son succès.
Dès l'enfance notre imaginaire est peuplé de toutes sortes de créatures, celles des histoires que nos parents nous racontaient ou des dessins animés que nous découvrions. Plus tard surgissent les personnages des romans fantastiques ou de SF et ceux des comics, les super-héros et les super-méchants. Ces créatures nous accompagnent une partie de notre vie sans qu'on ai jamais besoin de nécessairement statuer sur leur degré de réalité ou d’irréalité. Qu'ils existent "imaginairement" nous suffit. Pas besoin de les voir débarquer dans notre réel. Au contraire même, on profite pleinement de leur inexistence.
D'autant que des héros réels nous en avons déjà plein. Des médecins courageux, des sauveurs de brave gens, des hommes chauve-souris, des hommes-araignées et même des héros qui ne veulent pas l'être ! Sans compter tous les héros anonymes qui s'engagent chaque jour pour telle ou telle cause, tel ou tel combat. Héros qui sont d'autant plus fascinants et intéressants qu'ils sont fait du même bois que nous. Qu'ils sont fragiles et mortels.
Et lorsque le réel m'ennuie et que je vais voir un film de super-héros c'est effectivement pour voir une baston finale en haut du plus haut gratte-ciel de la ville. Pas pour vois trois jojos dotés de demi-pouvoirs se tirer la bourre devant la pelouse d'un HP ouvert à tous les vents.


Le film soutient l'idée que le réel s'enrichit à connaitre l'existence des super-héros. Mais peut-on adhérer à cette thèse ?
Car en réalité, c'est l'imaginaire qui s'appauvrit d'un scénario où les super-héros abandonnent leurs habits de lumière, de rêve, pour pénétrer dans l'obscure trivialité du réel.
Un film ennuyeux dans tous les sens du terme.


Personnages/interprétation : 4/10 (McAvoy oui bon d'accord mais B. Willis et S. Jackson mouais)
Histoire/scénario : 4/10 (vive les caméras de surveillance)
Réalisation/musique (qui surligne lourdement la mise en scène - -)/photographie + : 6/10


4.5/10

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le 23 janv. 2019

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Theloma

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