La démarche est originale. Récupérer un de ses premiers films considéré comme iconique et le récupérer pour créer un univers connecté surprise. Et quand c’est un univers créé de toute pièce offrant une découverte complète à son spectateur car il n’a aucun moyen d’avoir connaissance de la trame principale (contrairement à un fan connaisseur d’un univers déjà existant), cela devient intéressant. Malheureusement ici, le tout tombe un peu à plat.


Glass, bien qu’amenant certaines bonnes choses, ne décolle jamais très haut. Et ce par un manque complet de subtilité. Unbreakable avait déjà ce défaut de devoir trop souvent justifier l’action s’écoulant en rappelant les règles liées à l’univers du comic book ne laissant que peu de place à l’interprétation, mais ici, c’est du quasi non-stop ! Toutes les deux phrases, Samuel L. Jackson nous rappelle que dans un comic book, cela se passerait comme cela et comme cela et encore comme ceci… Cela en devient limite poussif ! À force de justifier l’action future, le spectateur perd de l’intérêt en assistant à cette dites-action. Et quand on perd l'intérêt de ce qu'il se passe à l'écran, c'est peine perdue...


Même si un des twists finaux est que cette action n’aura point lieu, ce qui est décevant à ce moment. Parce que si on vous annonce tout du long qu’un truc phare aura lieu, vous êtes excités à l'idée d'avoir enfin ce climax mais quand on vous dit qu’en fait non… Ce n’est pas de l’étonnement mais plus une impression de rester sur sa faim, voir d'assister à un spectacle basé sur l'économie...



This was an origin story the whole time.



[De plus, je suis certain que Shyamalan aime l’univers du comic book tant Unbreakable avait été une forme d’ôde à ce matériel. Alors s'il pouvait se passer d'insulter le lecteur de comics en le faisant apparaitre à l’écran comme un gros dégueulasse imbécile, ça ferait plaisir... (Cfr. les personnes présentes dans le comics shop.)]


Le début du film fait suite direct aux deux volets précédents de la trilogie improvisée. David Dunn a eu largement le temps de perfectionner son rôle de justicier tandis que la Horde a repris son quotidien d’enlèvements de jeunes filles insouciantes. Nous arrivons très rapidement à la confrontatation entre les deux. Et là, le ton change et nous basculons dans une histoire principale intéressante aux premiers abords car nous faisant revivre la thématique d’Unbreakable (à savoir la remise en question de ce que l’on croit avéré comme surnaturel) mais très vite ennuyante dans sa réalisation car elle n’offre aucune scène iconique ni n’apporte de nouveaux éléments à ce qui avait déjà été réalisé 19 ans au préalable. Les twists finaux que l’on voit venir à des kilomètres s’enchainent alors dans une indifférence quasiment générale.


La phase de faire douter les personnages ainsi que le personnage secondaire accompagnant chacun des trois protagonistes (le fils du justicier, la mère du vilain, la muse du perturbé) est un peu maladroite. La psy en 3 phrases arrive à semer le doute dans la tête du fils de David qui a pourtant assisté à 19 ans de sauvetage d’innocents par son père. Alors oui, son père pourrait être juste doté d’incroyables capacités n’ayant rien de surhumain. Mais on s’en fout ! Le gars fait le job, donc de toute manière, sa place n’aurait pas été là.­ Et c’était un peu le script principal d’Unbreakable, à savoir s’ils se créaient une illusion par volonté/besoin d’y croire ou si le surhumain existant réellement. Du coup, c’est un peu répétitif.


Au niveau actoring, on est très content de retrouver le duo Elijah Prince (Samuel L. Jackson) & David Dunn (Bruce Willis) à l’écran. Mais force est de constater qu’ils n’apparaissent pas en force mais plus comme des versions usées d’eux-mêmes. Elijah (aka Mr. Glass) est supposé être le personnage principal du film comme le titre de ce dernier nous l’indique met un temps fou avant d’avoir une réplique tandis que David parait moins expressif que jamais… Seul Kevin (James McAvoy) est au top de sa performance et plus bodybuildé que jamais. Sa prestation d’acteur est mieux mise en valeur ici que dans Split car les phases où ses personnalités s’inter-changent sans mise en scène correspondante (décor, vêtements différents, ré-entrée dans le sillage de la caméra) se multiplient par rapport au premier volet. Par contre ses personnalités sont toujours aussi caricaturales ce qui m’avait déjà fort ennuyé auparavant. Les personnages secondaires ne sont que des pantins désarticulés utilisés comme spectateurs impuissants de la désacralisation du personnage auquel ils sont liés. En gros, merci d'être passé!



First name : Mister. Last name : Glass.



On peut se poser de franches questions sur la révélation la plus importante faite en fin de long métrage...


Une organisation secrète opère un peu partout dans le monde (élargissant l’univers de cette trilogie à l’infini pour en faire des suites en cas de succès) pour cacher l’existence d’êtres surhumains. Normalement ils les éliminent (logique) mais la psy traitant nos trois patients pendant tout le film prône une méthode humaine, c’est-à-dire leur faire douter de leur nature extraordinaire pour qu’ils rentrent dans le rang inconscients de leur potentiel (pourquoi prendre ce risque onéreux?). C’est intéressant comme approche bien que cela n’a aucun sens. Mais plusieurs éléments sont très gênants. Comme ce trèfle tatoué sur le poignet de toutes les personnes impliqués dans cette organisme qui est un peu trop flagrant. Surtout qu’ils se réunissent dans des restaurants publics où tout le monde a la marque. Si c’était avec une encre spéciale visible sous une lumière spécifique, cela passerait encore mais là ça fait un peu amateur. Mais soit, ce n’est qu’un détail. Le hic a la trame à laquelle nous avons assister est qu’on fait installer une centaine de caméras pour quadriller le périmètre de l’asile afin de surveiller Mr. Glass que l’on suspecte de s’échapper en permanence de sa cellule. Ok. Mais il n’y a qu’un surveillant amateur pour monitorer toutes ces caméras et veiller sur les trois patients qui représentent donc un risque considérable pour cette organisation ultra-puissante aux nombreux membres influents disséminés dans le monde entier !? À tel point que caméras ou non, Elijah se balade comme dans un moulin entre plusieurs pièces centralisées au même endroit… Je veux dire, un seul garde posté devant les trois portes aurait solutionné le problème!!! Ensuite une telle organisation ne fait aucun sens. Quel est son but en cachant l’existence d’êtres surhumains ? Quel bénéfice peuvent-ils en retirer (si ce n’est idéologique) ? Et si c’est le cas, comment sont-ils financés ? Le seul cas échéant où cette organisation aurait tenu la route aurait été qu’ils exploitent ces surhumains à des fins militaires ou autres (ce qui aurait en plus ouvert la porte à de juteuses suites). Là, toute cette infrastructure aurait pu se justifier…



They always underestimate the mastermind.



Mais ce qui est triste, c’est que ce qui aurait pu être une simple suite à Split (et développer ainsi son personnage) récupère un film marquant et en détruit ses personnages d’une manière peu épique !


On assiste bien à une confrontation entre le justicier et the Beast mais celle-ci est peu marquante! Surtout qu'ensuite ils se font dégommer d’une manière tellement peu honorable (petite balle dans le bide pour la bête instoppable et petite noyade dans une flaque d’eau pour notre surhomme incassable) que cela gâche leurs personnages.


Bref, Shyamalan nous point une suite à Split créant au passage un univers connecté fabriqué au chausse-pied en récupérant un film marquant de sa filmographie passée. Le résultat est peu parlant car il recycle la thématique d’Unbreakable sans ajouter d’éléments réellement marquants. Il aura le mérite de se laisser la porte ouverte sur un univers pouvant partir en tous sens en cas de réussite commerciale au box-office. Sans être véritablement mauvaise, on assiste à mon sens ici à un gâchis d’un film qui avait le potentiel de faire nettement mieux... Je rêvais d'un univers connecté super-héroïque non-adapté de comics afin d'être en permanence surpris et d'avoir une license de super-héros aux dimensions humaines mais à la place, j'ai eu une leçon de recyclage. Parait que c'est trendy...

MathiasBaum
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le 22 janv. 2019

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