Le mythe ferrarien roule toujours

Je ne comprends pas pourquoi après avoir été encensé par la critique unanime dans les années 90 Abel Ferrara se retrouve ostensiblement ignoré depuis les années 2000 et parfois par les mêmes critiques. Les plus perspicaces verront dans le personnage du patron de la boîte de striptease (interprété par Willem Dafoe) qui n'arrive plus à payer ses danseuses mais qui garde le sourire devant le public le reflet d'Abel Ferrara qui n'arrive plus à boucler ses films.

Mais loin d'en être aigri, Ferrara semble se prendre de moins au sérieux au contraire. Il y a du comique dans beaucoup de situations:ainsi quand les stripteaseuses veulent faire grève et que leur patron est pendant ce temps à la "banque" pour jouer au loto.Il y a aussi des bonnes blagues. Ainsi la blague prémonitoire sur la future présidente Hillary Clinton (dans le texte, le film étant sorti en 2007) qui serait allée voir ce spectacle de lap dance.

Actrices et acteurs semblent composer une famille unie dans cette boîte toujours menacée de fermeture.
Les actrices qui font du striptease sont toutes bonnes. Mention spéciale à Asia Argento qui est sublime dans son numéro de lap dance et dans son numéro avec un rottweiler nourri au hamburger bio. Et dans le rôle de la française c'est Lou Doillon qui rafle le médaillon.

Le thème, récurrent chez Ferrara de la rédemption prend la forme d'un billet de loto gagnant que l'on retrouve (ou pas) à la fin. Ce n'est pas le plus important. Le but principal du "Scorsese déconneur" étant dans ce film que le spectateur se rince l’œil tout en se marrant.