Plongée au cœur du Paradise, établissement spécialisé dans les numéros de lap dance, le film de Ferrara suit la nuit de ce microcosme, particulièrement le parcours de Ray Ruby, le directeur du club, qui doit composer avec les dettes et les revendications de ses danseuses. Il faut admettre que le film n'est pas forcément des plus passionnants, l'intrigue se limitant à une simple chronique de cet univers nocturne. Ce n'est donc pas de ce côté là qu'il faudra chercher quelque chose à se mettre sous la dent. Mais, pourtant, il y a quelque chose d'extrêmement attachant dans ce film. Ferrara parvient à instaurer une atmosphère mélancolique où il ne juge aucun de ces personnages et fait même preuve d'un réel amour pour ces personnalités hors-normes.

Il semble en effet que le personnage de Ray Ruby, interprété par un Willem Dafoe impeccable, est le reflet du cinéaste qui, à l'instar de son anti-héros, se débat entre ses créanciers, le ras le bol de ses collaborateurs, ses addictions et les imprévus pour tenter de continuer à faire tourner son affaire. En ce sens, la tirade finale de Ruby n'est ni plus ni moins que le cri du cœur de Ferrara contre tous ses détracteurs. Ainsi, à travers cette histoire improbable de recherche d'un ticket de loto gagnant égaré, Ferrara livre un film étonnant de maturité, plein d'amour et de tendresse pour l'univers dans lequel il évolue, ne cherchant jamais à dissimuler l'envers du décor, tout sauf glamour : les corps sont fatigués, les numéros sont parfois grotesques et l'ambiance plus proche de la tristesse que de la joie censée être apportée aux clients. Mais qu'importe, alors que la machine est en train de se gripper, Ray Ruby parvient toujours à renaître de ses cendres et à relancer la machine jusqu'au prochain incident.
ValM
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le 6 janv. 2015

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