Je suis partagée.
D'une part, j'ai été atterrée bien des fois par ce film et de l'autre j'ai été distraite, vraiment et sincèrement.


J'ai été surtout atterrée par la première partie avec ces décors clinquants sonnant faux, le jeu ampoulé au delà du supportable de tout ce joli monde, un jeune héros à la perruque discutable et qui, parce qu'il a volé une robe dans un marché, serait le meilleur voleur de toute l'Egypte; un dieu Horus (Nicolaj Coster Waldau, que j'ai eu du mal à trouver sympathique tant son image de Lanister lui colle aux basques, je sais, ce n'est pas juste mais c'est comme ça) dont le charisme est, ici, proche de l'huitre et l'intérêt voisin de celui d'un champ de laitue; un méchant dieu, Seth (le toujours viril et séduisant Gerard Butler, au potentiel de sympathie puissant chez moi), qui n'est rien d'autre qu'un gamin capricieux et qui trouve que la vie "c'est trop pas juste". Tout ces gens étaient génériques et sans saveur, parfois ridicules, dans des décors qui font mal aux yeux.


Mais soudain, nous sommes arrivés sur la barque de Ra (formidable Geoffrey Rush comme à son habitude), des images somptueuses et inventives, une plongée enfin tangible dans la richesse de la mythologie égyptienne, un Geoffrey Rush subtil et toujours décalé, un Nicolaj Coster-Waldau qui manifestement s'était détendu et bénéficiait d'avoir en face de lui un acteur de qualité supérieure : le film bascule.


La seconde partie est quand à elle distrayante et de meilleure qualité à tous points de vue : une fois dépouillées de leurs décors de marbre digitaux, les images deviennent tout à fait regardables, les acteurs semblent aussi se détendre (à croire qu'ils ont filmé en continuité) et cessent de se prendre pour Hamlet et leur jeu devient dynamique, on a l'impression qu'ils se parlent vraiment au lieu de s'écouter déclamer, et les situations s'enchainent avec rythme et parfois humour et le film en devient agréable à regarder et j'ai été tout à coup intéressée au destin de ces gens qui jusque là ne faisait que gesticuler devant mes yeux.


Les personnages principaux sont ici les dieux et je suis à la fois agréablement surprise par l'utilisation intelligente (oui!) qui est faite des mythes égyptiens et de leur imagerie (j'ai une mention toute particulière pour la déesse Nephtys, ses ailes protectrices et pour, bien sûr, la sus-mentionnée barque de Ra et le combat de celui-ci contre Apophis tous les matins) et un peu rebutée par le gâchis qui est fait de cette mythologie si riche et la simplification des personnages. Le mythe d'Osiris et Isis est pourri par une histoire de construction de tour (avec ascenseur s'il vous plait) et de récupération d'organes par Seth. Seth, dieu de la confusion, du désordre et du chaos n'a pas besoin de tout ça pour mettre le waï, qu'il finit toutefois par mettre, fidèle à sa réputation, de façon assez importante. Les dernières minutes du film montrent à quel point ce méchant peut être menaçant pour la race humaine (dont on se fiche un peu, il faut bien le dire) mais ses raisons égoïstes et égocentriques, au lieu de lui donner de la profondeur, minimisent la menace du personnage. Ca et un combat final totalement digital entre 2 oiseaux brillants de mille feux (serait-ce Iki le Phoenix qui apparait pour nous venir en aide? pardon, je n'ai pas pu m'en empêcher) mais n'induisant aucune empathie jette encore le trouble sur mon opinion.


Ici, tout est à double tranchant, il est bon qu'ils adaptent un peu les mythes mais ils n'ont pas adapté les bons.
Le fait que les dieux soit 30% plus grands que les humains est inventif mais visuellement fatiguant et difficile à maintenir, les effets spéciaux pâtissent de ces retouches permanentes. Et puis quand on a une huitre pour interpréter un dieu, même 30% plus grand, ça fait toujours une huitre.


C'est vraiment un film étrange que celui ci, qui m'a laissée sur une bonne impression mais qui à la réflexion est une suite de n'importe quoi assez important comme cette scène ridicule avec des cobras géants montés par 2 nénettes tout droit sorties de la Guerre du Feu (la tribu d'Ika m'est venue à l'esprit) qui tentent de tuer Horus, qui a enfin décidé de sortir de la tombe de son père: voilà un personnage qui évolue, certes, mais à grand coup de sandale dorée dans son divin postérieur et bon sang qu'est-ce qu'il est lent à la détente! Je mentionnerai aussi volontiers un sphinx , d'une part moche (la CGI est ignoble) et d'autre part totalement hors de propos dans sa nature : les questions c'est pour le sphinx grec. Ce n'est peut être pas très grave mais il y a bien suffisamment de créatures fantastiques dans la mythologie égyptienne sans faire de l'anachronisme.


Qu'en est-il de nos héroïnes. hé bien pas grand chose, la charmante fiancée du Bek, notre jeune humain aux yeux de biche et à la capacité de jeu d'une chouquette, est bien charmante et mise en valeur dans des tenus légères mais n'est qu'un simple outil scénaristique. Nous avons également la déesse Hathor qui fait parti des rares personnages intéressants du film. D'une part, on se demande bien ce qu'elle peut trouver à Horus, à part qu'il est plutôt pas mal de sa personne et porte bien la jupette et de l'autre elle n'est pas une simple amoureuse. Certes, elle aime son Horus mais elle ne le bade pas. Elle fera ce qu'il faut pour rester en vie, quitte à faire des galipettes avec Seth (et comme je la comprends ! Gerry est quand même très sexy, alors qu'importe s'il veut détruire le monde, mais ça n'engage que moi) jusqu'au moment où elle devra prendre sa responsabilité de déesse et faire ce qui est juste, ouvrant ainsi la voie à ce demeuré d'Horus qui a besoin qu'on lui tape sur la tête pour comprendre quelque chose (un vrai couple quoi!).


"Gods of Egypt" est vraiment déroutant, plus j'y réfléchis, plus ses défauts sont attendrissants et partent d'une bonne intention (sauf cette scène des serpents géants qui crachent du feu et l'ascenseur, c'est pas possible) mais ils sont aussi énervants parce que le casting est compétent (j'ai un peu tapé sur Nicolaj Coster-Waldau car son jeu n'est pas digne de lui), les idées ne sont pas toutes à jeter, il y même un vrai potentiel pour une suite (certainement plus intéressante que ce film là, avec Hathor au centre de l'intrigue) mais la mayonnaise peine à prendre.

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le 11 sept. 2017

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Anilegna

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