Ishiro Honda créa avec ce film l'un des monstres les plus populaires - Godzilla - et aussi un tout nouveau genre dans le cinéma fantastique : le film de monstres géants. Jouant sur la peur du nucléaire que les japonais avaient encore dans toutes leurs têtes (8 ans après Hiroshima seulement) et dont Godzilla en était la métaphore, le réalisateur propose un traitement réaliste au niveau dramatique et réactionnel (portée des événements), même si cela manque un peu d’émotion. Les scènes de destructions massives sont surprenantes pour les années 1950 et le cinéma japonais : l’aspect réaliste est sans doute à l'origine du succès et bon nombre de japonais ce sont rappelés de mauvais souvenirs. Les images dégagent en effet une force surprenante, soutenue par une musique entraînante (avec un excellent thème musical).
On passera bien-sûr sur les démonstrations scientifiques désuètes (le pourquoi du comment) mais peut-être assez crédible à l'époque. Cependant, on ne peut pas occulter la résolution finale improbable et son expérimentation qui laisse dubitatif. Bon, la crédibilité n'était pas le but premier et c'était d’ailleurs une autre métaphore : voici une nouvelle arme de destruction qui risque d’être utilisée à mauvais escient...
Le film sera la base d'une grosse franchise dans le cinéma japonais avec de nombreuses suites (à la qualité inégale) ou spin-off. Ces long-métrages auront dû mal à s'adapter à leurs époques (représentation du monstre) mais seront un succès dans leur pays natal malgré des histoires de plus en plus improbables (combat de monstres géants). Face au succès asiatique, les américains vont proposer leur adaptation en 1998 qui a malheureusement subit la foudre des fans hardcores à cause des libertés prises. Face à ce succès en demi-teinte, Hollywood tente à nouveau sa chance en 2014 avec quelque chose qui s’annonce plus proche de l'original...