La méchante bestiole !

Que dire sur Godzilla qui n'a pas été dit depuis 1954 ? La métaphore du nucléaire ? Le comédien caché dans le costume en latex du monstre ? Les maquettes et les miniatures ? J'avoue que je n'avais pas revu le film depuis très longtemps, qui plus est dans une copie de mauvaise qualité, et la sortie du Blu-ray français a permis de me raviver plein de souvenirs sur ce film, qui est quand même celui qui a crée un genre : le kaiju eiga !

Le manque du budget explique sans aucun doute pourquoi Godzilla apparait aussi tardivement ou alors jamais de façon détaillée ; c'est ce qui crée selon moi cette tension quand il arrive, car il faut se rappeler qu'ici, il apparait clairement comme un méchant. Les suites vont le rendre gentil, avec le rajeunissement du public cible, mais ce Godzilla reste terrifiant, porteur d'une menace, qui rappelle à certain une catastrophe survenue seulement neuf ans plus tôt...

Il est d'ailleurs intéressant de constater que, en retirant les plans du monstre, on pourrait presque voir un documentaire sur l'arrivée d'une catastrophe nucléaire, avec les habitants qui fuient, les maisons qui brûlent et qui sont détruites par le souffle du monstre, l'eau qui se met à monter...
Le film a évidement son thème musical culte, composé par Akira Fukube, et on peut regretter que, même si il reste fort, il est répété ad nauseam.

Quant aux acteurs, dont on retient surtout Akira Takarada (qui était même présent dans le film américain de 2014, mais dont sa scène a été coupée !), Momoko Kôchi et Akihiki Hirata, ce dernier jouant une sorte de savant fou avec son bandeau noir à l’œil. Mais l'attraction principale du film reste Godzilla, mélange entre un dinosaure et un lézard, qui reste toujours aussi impressionnant, en dépit du budget modeste et des artifices utilisées.

Ishîro Honda, qui va ensuite se spécialiser dans le genre, a crée un univers, et une créature iconique du cinéma. Le film date tout de même de 1954, mais il reste encore une date, pour son sous-texte anti-nucléaire, et la proposition de cinéma qu'il a su apporter.