Après un reboot prometteur mais qui avait laissé sur sa faim, le plus célèbre kaiju nippon revenait pour une deuxième salve attendue dans Le roi des monstres. Confronté à trois de ses plus légendaires ennemis, Godzilla se devait de briller sans renouveler l’ennui poli du film de Gareth Edwards. Pari réussi en attendant d’aller tâter du singe géant ?


En 1998, ce gros bourrin de Roland Emmerich signait une version tout à fait dispensable des premières aventures de Godzilla made in Hollywood. Hormis l’accent américain à couper au couteau de Jean Reno, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Et surtout, le réalisateur est loin, très loin, de transmettre le sentiment de sublime que le spectateur se doit de ressentir à la moindre apparition du lézard. C’est en revanche un élément qu’a parfaitement réussi Gareth Edwards avec son reboot en 2014. Image léchée, ambiance apocalyptique, jeu sans faute des échelles entre monstres géants et humains, son Godzilla avait une gueule incroyable, iconique au possible. Un gâchis aussi, car sur plus de deux heures de film, on voit à peine la grosse bête 15 minutes. Le réalisateur ayant (trop) souvent préféré le choix du hors-champ lorsqu’une baston bien vénère pointait le bout de son nez. Pour cette suite signée Michael Dougherty, il fallait donc que le spectacle soit assuré. Et dans ce sens, la plupart des trailers ont vite rassurés les fans, promettant un film visuellement bluffant, dans la continuité du travail réalisé par Edwards, tout en promettant les affrontements titanesques qui faisaient cruellement défauts au 1er.


Alors que Godzilla semble avoir disparu depuis les événements de San Francisco, l’agence Monarch est sur le qui-vive. Plusieurs autres monstres titanesques menacent de sortir de leur hibernation. Et c’est sans compter sur des éco-terroristes qui comptent profiter de la puissance destructrice des bestioles pour débarrasser la Terre de son plus gros parasite : l’homme. Mothra, Rodan et le redoutable roi Ghidorah entrent dans la danse pour la domination de la planète. Et comme le dirait si bien ce bon vieux Connor MacLeod : il ne pourra en rester qu’un !


Avec un MonsterVerse en cours de construction et un affrontement teasé entre Godzilla et King Kong (qui sortira en 2020), ce Roi des Monstres se devait d’être généreux. Et il l’est. Si l’on voulait voir des créatures mythiques se foutrent méchamment sur la tronche dans un festival de destruction jouissif, on en a pour notre argent. Dans son respect des kaijus, de leur représentation à l’écran, le film est une réussite incontestable. On ne peut qu’être sous le charme de Mothra, bluffé par le rendu du King Ghidorah et déjà regretter un Rodan un poil sous exploité. Et évidemment, se féliciter que Godzilla se dévoile dans toute sa gloire, n’usurpant pas son titre de roi au passage. Qu’elles apparaissent, qu’elles se chassent ou s’affrontent, on a l’impression de voir avec elles des peintures prendre vie tant le travail en terme de cadrage et de photographie est somptueux. Dommage en revanche que la réalisation de Dougherty soit moins précise que celle d’Edwards, notamment au niveau des échelles entre humains et monstres, perdant cet effet si précieux de gigantisme.


Sur la forme donc, pas grand-chose à dire. Un peu comme le film d’Edwards, c’est sur le fond que cette suite pèche également. Et le plus gros problème vient du scénario, tout simplement aux fraises. On suit pendant 2h15 une série de personnages qui n’existent pas une seconde. Inintéressants, clichés, caricaturaux, leurs motivations sont aussi peu soulignées que le fait qu’ils passent d’un bout du monde à l’autre en l’espace de trente secondes à l’écran. D’autant plus dommage quand l’on retrouve au casting les noms de Kyle Chandler, Ken Watanabe, Millie Bobby Brown ou encore Charles Dance et Sally Hawkins… Et tout ce petit monde n’a rien à jouer. Ou presque. Alors oui, comme le diront certains, Godzilla est un film de monstres et l’on se contrefout des humains. Faux. Car ce sont bien eux qui sont la porte d’entrée du spectateur dans l’univers des kaijus. Ce n’est pas pour rien si, encore aujourd’hui, Jurassic Park reste un modèle en la matière. Aller, la prochaine sera la bonne !


Ticket ou Télé ? Ticket, parce que visuellement, ça mérite un écran de cinéma.
Plus généreux que son prédécesseur, ce Godzilla Roi des Monstres corrige certains défauts du précédent volet, assurant un spectacle à la hauteur des attentes. Au milieu d’une destruction totale, le duel entre Godzilla et Ghidorah tient toutes ses promesses. Dommage qu’au milieu des créatures parfaitement réussies, le scénario s’enlise. Mené à un rythme qui sacrifie toute cohérence, il laisse les humains sur le carreau et l’attachement du public pour eux avec.

Breaking-the-Bat
5

Créée

le 14 juil. 2021

Critique lue 50 fois

Valentin Pimare

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