Alors qu'Hideaki Anno doit réaliser quatre films sur une réinterprétation d'Evangelion, il va se décider à faire une pause, et passer à nouveau à la prise de vues réelles avec un nouvel épisode de Godzilla, qui est cette fois un reboot total, mais aussi une excellente surprise.
Excellente, car c'est un film qui pour ainsi dire ne débande jamais, le rythme est haletant, mais surprise, car non seulement les parties avec le monstre sont géniales, mais les scènes avec les humains font montre d'une certaine ambition, en plus d'être très à charge politiquement parlant.
Sans trop en dévoiler, ça parle aussi bien de Fukushima, que du manque de communication des autorités, à l'action de l'armée de défense nippone, de l'ingérence américaine, le tout dans un film catastrophe ! Le film est terriblement actuel, notamment dans la question de gérer l'éventuel après-Godzilla, à savoir raser les villes, ou sauver les habitants ?
Quant au gros lézard noir, j'avoue que sa présence, due encore une fois à la présence de fonds radioactifs dans la mer provoquant sa naissance, a quelque chose de fort, notamment par ses multiples transformations. En particulier la première où il ressemble à une sorte de limace avec des yeux globuleux et arrive à se dresser sur ses pattes arrières en s'appuyant sur un immeuble qu'il a détruit. Il faut d'ailleurs saluer les effets spéciaux vraiment remarquables pour un film japonais, ainsi que la qualité d'interprétation des acteurs, où pour une fois personne ne cabotine, et sans cheveux bleus. Je pense en particulier à Satomi Ishihara, qui joue une conseillère américano-japonaise, et dont le jeu sur le langage est délicieux, car c'est à la fois fluide, mais c'est aussi une façon pour elle de parler avec d'autres japonais parlant anglais pour ses questions dites sensibles.
Scandaleusement inédit en France, gros succès dans le monde, c'est vraiment la meilleure version de Godzilla vue depuis un bail. Il y a même des clins d'oeil à Evangelion, en particulier avec la musique de Shiro Sagisu, collaborateur régulier d'Anno. Une grande réussite !