Rétrospective #18 : Godzilla Vs King Ghidorah (1991)

Et de trois pour cette ère Heisei. Après un retour aux sources très réussi et une suite au style et à l'antagoniste marquants pour la franchise, cette dernière retrouve un chemin proche de celui emprunté par la majorité des films de l'ère Showa.


Les aliens sont de retour, jouant une fois encore le rôle assez éculé de l'envahisseur faussement bien intentionné, et si l'on parle d'aliens, l'apparence physique de ce dernier est sans équivoque. C'est toujours amusant de voir ce genre de miroir, de voir des personnes au physique parfaitement occidental - pour ne pas dire américain - jouer le rôle des méchants envahisseurs. C'est un cliché comme un autre, et pourtant la critique occidentale et plus particulièrement américaine avait manifestement très peu apprécié cette approche, j'imagine que ça devait être comme goûter son propre poison.


Mais passons, ce film, bien qu'il lorgne sur les scénarios de l'ère Showa, n'en reste pas moins un produit du début des années 90 mêlé à la nouvelle volonté de la Toho de faire de sa franchise maitresse une expérience certes divertissante mais avec on ne peut plus de sérieux et de moyens.


Forcément - et heureusement - ça se ressent dans le résultat final, qui fleure bon le blockbuster qui se permet un peu tout pour le plaisir régressif des spectateurs.
Des aliens, des ovnis, des androïdes, des dinosaures, des sauts dans le temps... Tout passe à la moulinette de ce film sans que ça parte trop dans le ridicule. Ça reste évidement con dans le fond, mais c'est éminemment mieux dosé qu'à l'époque, mais fatalement moins... "marquant" ?


D'autant que si les deux précédents films étaient suffisamment chargés de messages parallèles à l'actu et de thématiques fortes et faisant écho à celles du Godzilla original, on retrouve ici un film plus simple d'esprit, qui se veut plus proche d'un soap opera que d'un film de monstres à grands messages.


Godzilla a rarement été aussi peu au centre de l'intrigue, du moins directement. Il faut attendre une bonne heure avant de vraiment le voir apparaître, mais contrairement aux films précédents on a, pour tuer le temps, un plot finalement déjà bien connu des fans de la saga. Résultat même si c'est mieux foutu, ça reste déjà bien connu et donc moins engageant.


Un des points qui me titillent pas mal, c'est de donner à Godzilla des origines aussi banales. Un dino qui se fait irradier... Meh. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai toujours préféré l'idée d'un monstre millénaire, réveillé par les actes des américains sur le sol japonais. Puis ce dino il sort vraiment de nulle part, juste pour permettre ce scénario et donc ce film. Ça aurait pu être pensé différemment je pense.


Un autre qui me turlupine encore davantage et pas des moindres : comment tout ce beau monde connaît-il KG ? Ce film fait suite à Godzilla Vs Biollante et The Return Godzilla, qui se voulait lui-même être une suite directe au tout premier Godzilla, ignorant donc toutes les suites de l'ère Showa, alors comment diable l'humanité peut-elle connaître King Ghidorah ? C'est un retcon que je trouve extraordinairement grossier.


Autre point assez insatisfaisant : on a Godzilla, finalement assez inutile face à KG, qui se coltine un 3e acte ingrat où il se retrouve lâché face aux humains, un acte qui se veut plus proche du film original avec un Godzilla au top de sa forme, détruisant tout sur son passage et provoquant peur et panique dans les rues de la ville.
Sauf qu'après s'être fait pas mal victime par KG, difficile d'y croire. Il aurait fallu terminer le film à la fin du combat les opposant, une fois les aliens vaincus. Les 30 dernières minutes sont totalement gratuites, un peu inutiles, et malgré l'aspect technique, irréprochable à l'échelle de la franchise, on se fait un peu chier à cause du manque d'enjeux.


Car oui, techniquement le film est très sympa comparé au reste de la saga, et se place une fois de plus sans peine parmi les plus jouissifs à regarder.


Ghidorah me paraît ENFIN menaçant ! Il est filmé sous de multiples angles jamais vus auparavant, son vol provoque des effets perceptibles bref, malgré une certaine rigidité toujours apparente, les efforts sont bien visibles et très largement appréciables. Moi qui l'avais trouvé très ridicule jusqu'à présent, voici enfin un film dans lequel il dégage un truc et provoque en moi autre chose qu'une hilarité consternée.


Godzilla me paraît un poil en retrait et son costume ne me convainc pas avec les épines qui gigotent toujours telles le caoutchouc dont elles sont faites.


Les scènes de destruction sont donc très satisfaisantes, les scènes de baston un poil moins. Les incrustes sont diverses et toutes très honorables voire franchement réussies au regard de la franchise, permettant toujours mieux d'ancrer ces évènements dans un monde palpable et non un monde fait de collines et plateaux enfermés dans une pièce faute de budget.


Humains et aliens quelconques sans être des tâches non plus. À noter le jeu d'un des androïdes, amusant.


Musique un peu lambda, mais fait le job.


Une suite donc en deçà des deux autres. C'est loin d'être mauvais, mais en passant après un sérieux retour aux sources et une suite thématiquement marquante, on se retrouve ici avec un film un peu plus ingrat, au scénario dénué de profondeur.

Chernobill
5
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le 10 avr. 2021

Critique lue 130 fois

Chernobill

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