Suite et fin de ma rétrospective King Kong avec ce neuvième épisode et second crossover face à son homologue japonais : Godzilla vs Kong.


Un nouveau crossover entre les deux monstres mythiques (mais pas que…) qui intervient presque soixante ans après leur premier, King Kong contre Godzilla, que tout le monde en 2021 avait poliment oublié – à l’exception évidemment de quelques indécrottables amateurs de kaijū eiga (qui ont toute ma sympathie par ailleurs). Par conséquent, ce nouveau face-à-face entre les deux mastodontes s’épargnait ainsi l’inconfort d’une comparaison trop douloureuse avec un prédécesseur prestigieux – donc gênant – tout en ayant, lui, pris soin d’échafauder en amont un certain background à son affrontement, en introduisant auprès de son public ses deux vedettes dans des films solo à leur gloire : Godzilla en 2014, Kong Skull Island en 2017 puis Godzilla King of the Monsters en 2019. Le succès d’un certain univers ciné partagé leur ayant semble-t-il donné des ailes (je ne parle pas du Dark Universe d’Universal Pictures, non)…


Toujours est-il que ces trois films solos ont visiblement suffisamment convaincu pour que ce premier crossover monstrueux voit le jour. Arf ! Ayant pour ma part trouvé Kong Skull Island relativement merdique puis Godzilla 2 particulièrement pénible (je sauve en revanche le premier Godzilla qui est correct), je dois bien avouer que ce succès m’échappe un peu et que j’ai un temps caressé l’espoir – tout à fait mesquin j’en conviens – que cet univers partagé s’effondre avant la rencontre promise des deux bestiaux. Mais les voies du box-office étant parfois impénétrables pour nous autres cinéphiles raffinés, le film tant teasé a fini par se faire… et même par se faire désirer, puisqu’une certaine pandémie d’ampleur mondiale (tu peux remplacer par « grippette » si tu préfères) a entraîné le report à plusieurs dates successives de sa sortie en salles, qui n’interviendra finalement qu’en mars 2021 pour les pays les plus chanceux… dont n’a pas fait partie la France, puisque le film sortira chez nous directement (mais un mois plus tard) en VOD.


Diantre ! Les honnêtes cinéphiles français, privés d’une sortie en salles pour ce quatrième volet du MonsterVerse (défense de rigoler) ?! Un coup dur qui aura, mine de rien, eu pour intérêt de me laisser le temps de m’organiser à mon rythme cette sympathique rétrospective King Kong – ce qui est un maigre lot de consolation pour les cols blancs de Legendary Pictures, j’en conviens. Alors j’aurai traîné six mois avant de m’y lancer mais qu’importe : nous en voilà enfin au bout avec ce film ! Pour lequel je ne vais pas y aller par quatre chemins : c’est absolument catastrophique.


Je ne m’attendais évidemment pas, vu ses deux prédécesseurs, à un bon film, mais là… wahou. C’est encore pire que prévu. Ce Godzilla vs Kong est une énorme merde, de bout en bout. Mais à un niveau réellement tragique. Rien ne va dans le film, rien n’impressionne, rien même ne fonctionne… c’est parfaitement nul à chier. Je n’avais pas aimé Kong Skull Island mais celui-ci me le ferait presque réhabiliter, à tel point il est consternant. En cela, le film est plus proche de Godzilla 2, qui était déjà vraiment pénible. Godzilla 2 dont ce GvK reprend d’ailleurs les personnages de Millie Bobby Brown et de Kyle Chandler (qui passe du coup du King Kong de Peter Jackson à ce Godzilla vs Kong, triste sortie de route). Bon, pourquoi pas… ces deux personnages, aussi inintéressants soient-ils, n’étaient pas spécialement antipathiques. Je les préfère encore à la Brie Larson tête-à-claques et au John C. Reilly en roue libre de Kong Skull Island.


Sauf que, non content de reprendre ces deux personnages humains, le film en rajoute une chiée d’autres. Il doit bien y avoir une dizaine de personnages humains, plus ou moins importants, dans le film… puis faut voir le profil des personnages : à l’ado rebelle et son papa à la ramasse se rajoutent donc : le meilleur pote bien lourd et en surpoids, le lanceur d’alerte bien lourd et en surpoids (deux bouffons de service au lieu de l’unique contractuel, mais quelle bonne idée !), une gamine sourde-muette et sa tutrice spé langue des signes (mais quel enfer, sérieux…), un aventurier éco+ (aussi insipide que Tom Hiddleston dans le précédent), un méchant (parce qu’il faut un méchant humain, vous comprenez), son second spé informatique (donc asiatique), la fille du méchant (jolie, tant mieux). En oublie-je ? Peut-être… qu’importe : c’est déjà beaucoup trop. Je me fous royalement de ces personnages, aucun ne m’intéresse. Dégagez-moi tout ça ! A commencer par la petite sourde-muette, insupportable à faire la moue et chouiner H24.


Trop de personnages, trop d’organisations mystérieuses, trop de lore ringard (la hache de la race de Kong qui se recharge au laser de Godzilla, mais bordel…) et purée, tout le délire du monde ancestral dans la Terre creuse… mais qu’est-ce que… ? Sans rigoler, j’avais parfois l’impression d’être dans un état second devant le film tant c’est n’importe quoi, c’est dramatique. C’est écrit avec le cul et réalisé avec les pieds, la direction artistique est douteuse, pas une seule scène ne sort du lot, pas même les trois malheureuses bastons entre monstres, pas jouissives ni virtuoses pour un sou.


Je précise au passage que le réal du film nous a un peu pris pour des cons, puisque je me rappelle qu’il avait expliqué que « ouais, vous allez voir, ici ce sera un vrai match, il va y avoir un vainqueur et tout, pas comme dans le premier film qui ne prenait pas vraiment parti ». Alors je suis désolé, mais dans le film de 62, il y avait un vainqueur clairement identifié. L’un des monstres l’emportait sur l’autre, y’avait pas vraiment de débat. Il n’y en a, certes, pas non plus dans celui-ci, qui prend lui aussi parti (il y a un vainqueur clair et net), mais n’empêche que le premier film avait plus de couilles et s’en tenait à son duel Godzilla/Kong promis dans son titre. Il ne les faisait pas se rabibocher ensuite pour faire face à un ennemi commun. Je dis ça, je dis rien (mais je n’en pense pas moins).


Alors soyons honnête : le crossover de 1962 n’était pas un bon film non plus. C’était aussi et déjà de la merde. Mais il avait pour lui une poignée d’éléments (choix scénaristiques, séquences, musiques) appréciables. Et jouit aujourd’hui, soixante ans après sa sortie, d’un certain charme désuet qui invite en quelque sorte à l’indulgence. Alors qu’ici… il n’y a strictement à sauver de ce nouveau cru. Pas une seule scène, pas une seule idée, pas une seule musique… Le film ne pouvant en outre pas se prévaloir d’une quelconque désuétude pour tenter de faire passer la pilule, eh bien le visionnage est juste lobotomisant au possible. Gênant, abrutissant et interminable…


Bref, poubelle. On l’en ressortira dans soixante ans, voir si le temps l’aura lui aussi rendu charmant de désuétude.


Je ne parierais pas dessus.


(fin de ma rétrospective King Kong, à vous les studios !)

ServalReturns
2

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le 10 déc. 2021

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ServalReturns

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