Et de 6 pour l'ère Heisei, et pas des moindres pour moi car SpaceGodzilla a toujours été un des monstres qui m'ont le plus intrigué.


Nous sommes donc introduits dans cet opus à un monstre venu de l'espace, au design à la fois extraordinairement disgracieux et vraiment stylé, mais au visage qui dit clairement "faut pas m'chercher", SpaceGodzilla.


Le film propose autant de miniatures très convaincantes que de plans avec des effets spéciaux qui eux, le sont beaucoup moins.


Un des aspects les plus problématiques de ce film reste son découpage. Déjà pointé du doigt sur les derniers films, c'est indécent le nombre de moments coupés dans leur élan ou qui paraissent avoir été sévèrement élagués, soit à l'écriture soit au montage.


Faut dire que le film ne perd vraiment pas de temps, et noyé par une palanquée de persos toujours aussi nombreux et inutiles, dispersés comme toujours en trois ou quatre arcs/lieux, s'entrecroisant ou pas, il va à l'essentiel (du moins ce que le scénario considère l'être), au risque de paraître épuisant à suivre.


Paradoxalement les moments d'accalmie et de conversation manquent d'impact, la faute aussi à des personnages caricaturaux ou sincèrement ridicules. J'ai toujours du mal avec la dame extrasensorielle, surtout qu'elle ne sait vraiment pas jouer, c'est une des pires du cast et on a le malheur de la voir davantage dans cet opus. J'irais même jusqu'à dire que c'est un des pires persos principaux de toute la franchise, entre son écriture cliché, son interprète aussi douée et expressive qu'une boule de billard et son rôle finalement totalement remplaçable.


La gestion du ton aussi est à la ramasse, mais pour mentionner mon exemple je dois aborder un autre point fâcheux : le retour de godzilla junior.
Son look minable avec ses yeux de Furby, sa gestuelle ridicule avec ses petits sauts de gerbille, ses cris insupportables et répétitifs, chacune de ses apparitions m'ont fait pousser de longs soupirs de désespoir.
Je déteste ce personnage et tout ce qu'il représente au sein de la saga. Tout ce qui est fait autour de lui nuit quasi systématiquement au ton de l'intrigue, à la crédibilité des humains, à Godzilla, à l'univers, à l'essence de la vie.


Maintenant que ce crachat est effectué, passons à l'exemple : deux persos sont en train de discuter de choses assez sérieuses, notamment car l'un des deux est un militaire désabusé qui ne voit aucune autre solution au problème Godzilla que de le tuer, une explosion retentit, ils partent vérifier de quoi il s'agit, et là il s'agit de Godzilla Jr qui se dandine, jouant/gênée par des explosions rouges qui se produisent à ses pieds (pourquoi osef), le tout accompagné d'une petite musique horriblement niaiseuse comme on pourrait en trouver dans une vidéo du JDG quand il veut souligner le coté débile d'une situation/d'un jeu.
La scène se clôture par un fade out de la musique comme si on venait de terminer l'attraction, plan fixe sur l'extrasensorielle qui tire sa plus belle tronche de poupée morte, scène suivante. Brillant.


Coté mise en scène, c'est au cas par cas. Un coup on aura un plan qui ne mettra pas du tout Godzilla en valeur et donnera plutôt l'impression logique d'un mec en costume sortant de l'eau, et plan suivant composé qui cadre Godzilla dans un environnement clairement défini et qui donc permet de mieux rendre compte de sa taille. C'est ce genre de détail qui donne vie à ces titans.


Godzilla semble avoir une silhouette vraiment disgracieuse dans ce film, les jambes sont tellement épaisses que ça en devient ridicule car on devine bien que la personne qui se situe en dessous n'a pas des jambes aussi larges.
Résultat quand il marche on dirait une personne portant un jean beaucoup trop serré.


À noter qu'une fois encore ils en ont fait une créature loin d'être immuable et imperturbable face à des humains. Alors qu'il est dépeint comme une menace terrifiante, ce nigaud parvient à se faire victime par trois péquenauds armés et cachés sur un bout de plage, c'est risible.


Les bastons sont moyennement satisfaisantes. Déjà disons le dès maintenant, SpaceGodzilla a un design très facilement critiquable. L'affiche laisse penser à des cristaux dans le dos qui font penser à des ailes, mais il n'en est rien.
Dans l'absolu son design standard fait le café, surtout au niveau du faciès, mais quand il faut le faire voler ou aller dans l'espace... SpaceGodzilla qui vole, c'est un hérisson qui a sauté un cristal après avoir ingurgité de l'hélium.
La première baston se déroule sur un terrain qui initialement avait de la gueule mais qui, une fois utilisé pour la baston, n'est rien de plus qu'un terrain vague où les proportions et par extension le gigantisme des créatures sont totalement réduits à néant.


Coté scénar c'est la fête du whisky. Par exemple ils parviennent à nous trouver une explication pour la naissance de SpaceGodzilla sans aucun soucis. Faut aussi nous expliquer pourquoi et comment SG se sert de la tour finale pour faire tout ce qu'il fait, ça n'a strictement aucun sens. Mothra et les jumelles n'apparaissent que deux fois, n'étant là que pour apporter un peu d'exposition. Baby godzilla n'a strictement aucune importance dans ce film une fois qu'il est enlevé on ne le revoit quasiment plus. Je saurais déjà même plus dire si on le voit se faire libérer ou pas tant j'en avais rien à carrer de ce petit tas d'excréments. La liste est longue.


Aussi il y a un robot, le Mogera, totalement inutile et qui est surtout là pour brosser les fans hardcores de kaijus, puisqu'il vient en fait d'un film, The Mysterians, sorti en 1957 et réalisé par Ishiro Honda, celui-là même qui avait réalisé Godzilla trois ans plus tôt. Une fois n'est pas coutume, chaque élément volant est ce qu'il y a de plus loupé, donc Mogera, SpaceGodzilla et consort ont tous l'air ridicule dans ce film. L'animation et les incrustations sont réduites au minimum, et la texture métallique toujours aussi peu convaincante, on dirait un jouet.


Heureusement quand la menace atteint enfin la ville dans le dernier tiers on a droit à de belles explosions, des incrust d'un meilleur effet, une panique plus palpable et des images intéressantes notamment avec ces énormes stalagmites de la taille d'un immeuble qui émergent de partout. S'ensuit hélas une baston moyennement réussie, et qui malgré quelques images sincèrement sympathiques nous propose également un godzilla en lévitation, lentement balancé contre un immeuble avec toute la charge humoristique que ça implique. SG a d'ailleurs le pouvoir de voler, mais sans jamais montrer une quelconque source de propulsion, c'est juste magique/la gravité et vos gueules, résultat à chaque fois que je le vois quitter le sol tout en restant aussi stoïque qu'une barre de fer je souffle fort du nez.


Tout ça c'est le prix à payer quand t'enchaines quatre opus en quatre ans, tu mets moins de chances de ton coté pour pondre une histoire qui vaut le détour, à défaut de faire sens.


À croire qu'ils avaient totalement oublié la raison pour laquelle l'ère Showa était lentement devenu un cadavre de ce que Godzilla représente vraiment. Une représentation retrouvée avec succès lors du soft reboot de 84, suivi d'un film plus expérimental, et va savoir pourquoi, p'tet qu'une partie du public pestait sur ces décisions, p'tet qu'une partie du public regrettait les idées pourries, les designs honteux d'un bébé godzilla, les personnages sortis de parodies etc., car finalement c'est vers ça que la Toho finit irrémédiablement par revenir, par dépit, incompétence, ou par ignorance.


C'était donc une fois encore, et hélas, un visionnage décevant.

Chernobill
4
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le 19 avr. 2021

Critique lue 278 fois

Chernobill

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