Un film qui prend presque l'apparence d'un documentaire pour dire à quel point la mafia (en l'occurrence la Camorra) est capable de tout pourrir, tout corrompre, tout dévaster autour d'elle. Une faculté de nuisance qui se traduit en premier lieu par un profond mépris de la vie humaine et le renversement du monde entier dans un tourbillon absurde.
Le grand mérite de "Gomorra" est de décortiquer sans intellectualisation à outrance, tout contre le réel, un fait simple mais difficilement perceptible: la pénétration de la mafia dans toutes les couches de la société, dans tous les domaines (économique, politique, moral, etc), et la manière dont sa nocivité intrinsèque s'exprime avec de lourdes conséquences pour la société (napolitaine).
Froid et implacable, le film laisse peut de place à l'espoir sauf peut-être au-travers du personnage de Roberto qui est, à mon sens, au centre des deux plus belles scènes du film.
A l'heure où beaucoup sont fans de "Scarface" ou du "Parrain" sans réellement saisir ce que recouvrent ces films, "Gomorra" se présente comme une oeuvre salutaire par la remise en perspective brutale qu'elle oppose au glamour d'Hollywood et sa mythologie mafieuse banalisée.