Si Ben Affleck est un acteur assez inconsistant qui s'est surtout illustré dans des blockbusters bien daubesques (Armageddon, Pearl Harbor, Daredevil...), son premier passage derrière la caméra est une vraie réussite.
Gone baby gone (très beau titre) est un bon polar, noir, lourd, qui s'inscrit dans la veine du Mystic River de Clint Eastwood (les deux films sont adaptés du même romancier), ce qui n'est pas le moindre des compliments. La mise en scène, tendue, à fleur de peau, sert parfaitement son sujet pas évident (une enquête policière autour d'enlèvements d'enfants sur fond de drogue et de pédophilie), alternant efficacement entre la nervosité des quelques scènes d'action et la sobriété grave des scènes plus intimistes.
Comme dans Mystic River, les bas-fonds d'une petite communauté refermée sur ses secrets et les tragédies familiales sont au cœur du film, et comme dans Mystic River la tension qui se joue en permanence entre chaque personnage constitue l'intérêt principal de ce drame épais et aride qui ose prendre le temps de la réflexion et s'achever sur une morale compliquée (philosophiquement) et ambiguë.