Délivre-nous du mâle
Alexandre a parfaitement réussi sa vie: brillant banquier, époux et père de famille, il garde néanmoins un profond traumatisme : enfant, lors d’un camp religieux scout, il fut victime d’un prêtre pédophile, le père Preynat. Lorsqu’il découvre que ce dernier officie toujours en présence d’enfants, il ose ouvrir son cœur et porte plainte. Il est rejoint par Emmanuel, traumatisé par son expérience, et François qui croyait avoir enfoui ce souvenir indélébile. Ensemble, ils vont créer l’association Parole Libre et entreprendre une action en justice contre l’Evêché lyonnais. Mais ce combat s’avère inégal.
Le voici donc ce si attendu procès cinématographique de pratiques scandaleuses dont le procès, sur le point de débuter rendra je l’espère de tout coeur justice et condamnera cet omerta. Ozon nous propose un bouleversant compte-rendu.
Il est impératif de savoir que j’ai été enfant de messe durant quatre ans sans avoir jamais eu la moindre mauvaise expérience. Et lorsque je lisais certains faits sur l’église et ce mot tabou alors de pédophilie, je n’arrivais pas à concevoir l’inconcevable. Depuis, après plusieurs faits sinistres révélés de par le monde, ma foi est certes restée intacte mais un blocage inexpliqué m’empêche de retourner dans une église et d’y observer un prêtre sans me poser cette question existentielle : est-il comme les prêtres tueurs d’enfants.
Cette parenthèse sur ma Foi s’avère indispensable pour communier avec la brillante reconstitution que Ozon nous offre: du notre Père dont l’avant-dernière phrase est le sous-titre parfait du film, à sa volonté, pour moi juste, de laisser le chrétien et l’athée face à son jugement sans chercher autre chose que l’information, le traitement est absolument brillant avec 3 acteurs éblouissants particulièrement le Cesarise Swann Arlaud bouleversant et que le mal dont souffre Emmanuel et que j’ai connu, est retranscrit avec une incroyable justesse.
Le travail de documentation est parfaitement établi avec cette justesse de garder trois noms fictifs mais les véritables identités des fautifs, et pas seulement ceux du point de vue religieux. La place parentale est également très forte, avec d’hallucinantes situations qui font réfléchir dans le cas de l’une des mères, sur le pourquoi de mettre un enfant au monde.
A recommander plus que vivement, d’autant qu’aucune image choc n’est montrée, contrairement à Sleepers dont le parallèle sur les enfants est pourtant très fort...