Cela fait de nombreuses années que François Ozon, le réalisateur de « Huit Femmes » et de « Potiche », n’arrive plus à renouer avec le succès. Son dernier film ayant dépassé le million d’entrées en France était « Dans la maison », avec Fabrice Luchini, en 2012. Que faire pour attirer de nouveau les spectateurs en salles ? Il semblerait qu’Ozon ait trouvé la réponse : en créant la polémique autour d’un film traitant de faits réels d’actes pédophiles au sein de l’Eglise. C’est tellement facile. L’américain Tom McCarthy avait déjà tenté ce coup, de manière plus subtile, en 2016 avec « Spotlight ». Mais voilà, cela fait-il forcément un bon film ?
Malheureusement non. « Grâce à Dieu », qui retrace en trois actes la constitution de l’association « La Parole Libérée » autour des affaires Preynat et Barbarin, est un film bien trop larmoyant pour être sincère. Le premier acte, pollué par une omniprésente voix off et un jeu d’acteur de Melvil Poupaud à peine juste, n’est pas à la hauteur du sujet tandis que le dernier acte, avec Swann Arlaud, sombre dans le scabreux avec des références complètement hors-sujet. Seule la partie centrale, avec Denis Ménochet dans le rôle de François Debord, permet au film de transmettre quelques émotions au spectateur. C’est la partie la plus intéressante, la plus « humaine » du film.
Pour le reste, plutôt que de tomber dans la facilité de la critique de l’Eglise catholique, on attendra que François Ozon ose vraiment la subversion en allant dénoncer la pédophilie dans le monde des élites ou dans le milieu du cinéma (à Hollywood par exemple) pour saluer son courage de réalisateur « engagé ». En attendant, mieux vaut ne pas donner trop de crédit à une œuvre aussi bassement commerciale.
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