Grand Froid sort dans nos salles, avec une semaine de retard. En effet, le timing aurait été parfait en pleine canicule, dommage. C'est donc en pleine saison automnale; mais en été; que je vais me geler les c******* à cause de la climatisation, plutôt raccord avec le film.
Le titre du film aurait pu(dû) être Grand Jean-Pierre Bacri. Je pourrais commencer par faire l'éloge (pas funèbre) de Jean-Pierre Bacri et écrire pendant des heures sur l'immense talent de ce grandissime acteur, mais ce serait réduire l'oeuvre à sa seule performance. C'est mon râleur préféré du cinéma français et même du monde. Il excelle dans ce registre et surtout, il ne me lasse toujours pas malgré les années. Son regard, ses expressions, l'intonation de sa voix avec un léger bégaiement font toujours mouche. Il sait me parler et toucher, car derrière son cynisme, on retrouve toujours cette pointe d'humanité à travers quelques mots ou moments. Sa prestation suffit à rendre le film intéressant. Jean-Pierre Bacri n'est pas un égoïste, il donne autant aux spectateurs, qu'à son réalisateur et les acteurs qui l'entourent. C'est Arthur Dupont qui va bénéficier de son aura. Le duo est parfait, on sent même une sorte de mimétisme dans la manière de s'exprimer de la part du jeune acteur, ce qui est plutôt touchant et élogieux pour son illustre aîné. Pourtant, on pouvait s'attendre à un choc des talents avec Olivier Gourmet, mais étonnement, celui-ci ne donnera jamais l'impression d'être dans le film. Le long-métrage ne tient vraiment que grâce au duo Jean-Pierre Bacri et Arthur Dupont.
L'humour noir est plaisant. L'attente d'un décès pour relancer les affaires, c'est plutôt macabre. Les employés des pompes funèbres gardent un œil sur Madame Cisca (Françoise Oriane). Dès que la vieille dame sort, elle flirte avec la mort en marchant sur les trottoirs verglacés ou en traversant la route avec des camions passant à vive allure. Le salut viendra d'ailleurs, mais cela ne sera pas une mince affaire. C'est à ce moment-là que les affaires se corsent et que le film perd de son attrait. Le rythme reposant essentiellement sur le duo Jean-Pierre Bacri et Arthur Dupont, les mésaventures des autres personnages en deviennent anecdotiques. Pourtant, il y avait potentiellement de quoi continuer dans l'absurde, mais la plupart des possibilités entrevues, ne sont pas exploitées.
Les divers rebondissements ne donnent pas un second souffle à une histoire qui n'en avait pas vraiment besoin, sauf si les possibilités entrevues (pardon, je me répète), avaient permise de continuer à exploiter l'absurdité des événements. L'accident de voiture, la panne d'essence, la nuit dehors dans le froid, l'accident du corbillard et surtout la violence inattendue et subite, gâche un peu le plaisir des débuts prometteurs de cette histoire. Certes, c'est un premier film pour Gérard Pautonnier, mais s'il continue dans la même veine, il peut tracer un sillon à part dans l'univers trop balisé du cinéma français. Son long-métrage pêche surtout par son scénario, alors qu'il a écrit à quatre mains avec Joël Egloff dont le film est une adaptation de son roman Edmond Ganglion & Fils. La fin est bâclée et en sortant de la séance, je me suis permis de jeter un œil aux dernières pages de son roman. En dehors du fait que le film et le livre se déroulent en un lieu et une saison différente, la fin l'est aussi, ce qui peut expliquer la perplexité dans laquelle nous plonge les dernières minutes.
Une comédie macabre à l'humour noir savoureux. Jean-Pierre Bacri est toujours impeccable et Arthur Dupont se met au niveau de ce génie. On passe un agréable moment, en riant de leurs échanges absurdes, avant que le film patine dès que les mésaventures s’enchaînent, en laissant le spectateur sur sa faim.