Après s'être attaqué à une vengeance terrible sur fond bleutés, Jeremy Saunier change de couleur et nous dépeint dans un vert crasseux les mésaventures morbides d'une bande de métalleux-punks malchanceux.
Alors que Blue Ruin semblait s'étendre indéfiniment durant un crépuscule sanguinaire, nous avons à faire ici à tout l'inverse : c'est l'efficacité qui prime dans Green Room, que ce soit dans la présentation du groupe, bouclée parfaitement en moins de 5 minutes, ou encore des tenants et aboutissants de l'intrigue, très vite proposé à un spectateur avide de sensations fortes. Efficacité encore dans les morts, crédibles dans leur réalisation comme dans leur survenance, et rappelant ce qu'on pouvait ressentir dans l'excellent Evil Dead de 2013 : dès la première mort et les voiles tombés, plus de ralentissements jusqu'à la résolution finale.
Le sang coule à flots à un rythme affolant, faisant fi de nos pauvres sentiments : si le gore est loin d'être prépondérant, Saulnier touche là où çà fait mal, et ce à chaque fois. Le huis clos est à ce titre bien réussi, enfermant le spectateur tour à tour à l'extérieur puis à l'intérieur, là où tout se passe.
Problème : à force de foncer tête baissée, en cherchant cette efficacité bienvenue dans la première demie heure, le film s'enfonce dans des clichés facilement évitables : les héros qui foncent la tête dans le tas, les punchlines après avoir tué un méchant, les méchants très méchants sont quand même complètement stupides et attaquent le groupe un par un...
L'un d'entre eux se met quand même à balayer et nettoyer la salle avant que le massacre ne soit fini...
On ne va pas bouder son plaisir, ce film tire son épingle du jeu, loin des slayers habituels que l'Amérique peut nous offrir par dizaines. Mais à force de se contenter de respecter les codes, peut être par un certain manque d'imagination ou une volonté de conformisme trop poussée, le résultat n'arrive pas à éviter les poncifs du genre.