Tiens, que des titres en deux mots pour ce réalisateur : "Murder Party" (que j'aimerais bien voir), "Blue Ruin", "Green Room" et prochainement "Yellow Submarine" pour clore la trilogie de genre. Saulnier aurait-il la même conception du titre que Tarantino ? L'avenir nous le dira.
Le scénario est assez simple et efficace. Un survival en huis-clos, c'est prendre le genre à l'envers. Mais le bougre s'en sort assez bien même si dans la dernière demi-heure il aide un peu ses personnages (sans pour autant être incohérent, les personnages font ce qu'ils ont prévu de faire). La mise en place est sans doute un peu longue aussi, pas trop mais un peu. Mais une fois que ça commence, c'est tout bon. C'est glauque. Ce qui surprend, ce n'est pas tellement la violence mais plutôt le comportement des personnages. Par exemple lorsqu'un des membres se fait planter après s'être enfuit par une fenêtre, Saulnier ne montre pas la mise à mort mais se contente de montrer le visage satisfait des jeunes agresseurs. Cela m'a un peu mis mal à l'aise, car Saulnier évite le grand guignol, les méchants grotesquement exubérants. Ils sont tous un peu sadiques.
Le film fonctionne bien aussi tout simplement parce qu'on a un objectif principal et des conflits. À par l'un ou l'autre personnage, il manque une caractérisation des personnages qui aurait rendu le tout plus particulier encore. Les moments de violence sont assez bien trouvés et bien gérés. L'auteur se permet aussi une fausse surprise pour la fin. Les dialogues sont sympas aussi, assez simples, efficaces. Le scénario n'est jamais parfaitement génial, mais il regorge de bonnes idées et de bons traitements. Et ça c'est déjà très bien.
La mise en scène est soignée. Dès le début, l'auteur insiste sur le vert. Cela n'a pas trop de signification au final, c'est juste une couleur qui prédomine. Ce qui est particulier, c'est le côté apaisant en contradiction avec toute cette violence. Quoique ? après tout, sur la fin, l'explosion de violence tant attendue n'arrive pas, au contraire c'est très calmement que les survivants franchissent le dernier obstacle ; à mesure que l'histoire se déroule, c'est de plus en plus calme.
J'aime beaucoup le découpage assez simple. Saulnier filme son histoire sagement, ellipse beaucoup de choses mais ne nous prive pas de quelques plans gores. Autre petite surprise : malgré les plaies béantes, pas d'effusion de sang ou si peu. Les corps ne saignent pas mais ils pleurent et tremblent. C'est assez étrange. Cela prolonge ce côté malsain instauré par le scénario et par le choix de la couleur dominante. À nouveau, je trouve que Saulnier se focalise plus sur les visages des personnages que sur l'horreur qu'il provoque. Il n'y a pas vraiment de message caché non plus, je pense, juste qu'il montre la méchanceté des gens.
Les décors sont chouettes aussi. Les accessoires, utiles ou non à l'intrigue, apportent un petit plus au côté crade du film. On peut tout d emême reprocher une impression de propre. Autant dans les cadrages ça ne me dérange pas (dommage que ça n'ait pas été tourné avec une peloche bien crade tout de même), autant dans la déco ça aurait été bien de sentir un peu plus de poussières. La BO fonctionne bien aussi ; les groupes de rock mêlés à de la bisserie, ça donne souvent lieu à un score dégueulasse fait de hardcore difficile à supporter. ici, on évite ce piège.
Enfin, il reste les acteurs, tous assez bons. Je savais pas, ou alors j'avais complètement oublié qu'il y avait la délicieuse Alia Shawkat dont je suis secrètement amoureux. Elle n'a malheureusement pas été engagée pour montrer ses gros seins mais c'est aussi pour son intégrité qu'on l'aime. En tous cas, elle n'est pas qu'une jolie fille, elle joue assez bien, comme tout le monde dans le film. Mais bon, il faut aussi situer : pas de rôle de compo, il s'agit de jouer 'naturellement' et puis de jouer les émotions de base pour ce genre de film.
Bref, "Green Room" est un survival plutôt sympathique.