L'assassin assassiné
Est-ce la faute à une adaptation trop littérale du livre ou est-ce un problème d'écriture cinématographique ? Quoi qu'il en soit ce film a un problème, un problème qui tient surtout dans sa...
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le 10 juin 2017
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Passé le malaise face au casting international (coucou Gilles Lellouche) et la langue anglaise qui crée instantanément une distance (voire du ridicule avec des tentatives d'accents ratées), on se laisse habilement porter par une première partie de ce film qui, dans un style très efficace, raconte la montée vers l'horreur d'un homme blessé devenu monstre et l'un des plus hauts dignitaires nazis, notamment co-rédacteur du document sur la tristement fameuse "solution finale". Jason Clarke y est assez impressionnant en homme physique, un temps maladroit et grotesque, l'autre glacial et impérial, bien soutenue par Rosamund Pike dont la sévérité est malheureusement trop peu exploitée.
Le récit est ample, bien que la gestion du temps et des ellipses soit assez précipitée, et qu'on ne ressente pas assez l'endoctrinement progressif d'un homme et le formatage de son esprit à l'idéologie nazie et aryenne, qui par revanche sociale va commettre les pires atrocités.
Mais le film qui se focalisait uniquement sur Reinhard Heydrich et son épouse prend un virage radicalement opposé en son centre et décide de raconter alors une toute autre histoire.
Le portrait de ce personnage trouble (c'est peu de le dire) vire alors en récit de sa tentative d'assassinat par un groupe de résistants tchécoslovaques.
Le film se brise donc en deux, par un maladroit retour en arrière, offrant comme un film dans le film, qui déstabilisera véritablement le spectateur. Lui qui s'était, sinon attaché, du moins intéressé aux personnages qu'on lui présentait depuis une heure devra donc faire de même avec de tout nouveaux protagonistes.
Cette construction, si elle est assez radicale et assumée, n'offrant plus que quelques secondes d'écran à ceux qui ne le quittaient plus dans la première partie, n'est certainement pas le plus judicieux, déséquilibrant la structure entière.
Cette seconde partie sera donc malheureusement plus politiquement correcte, suivant de jeunes héros en tout point sympathiques, courageux, nous narrant leurs histoires d'amour, nous représentants leurs actes héroïques et s'offrant plusieurs scènes d'action spectaculaires, avant un final facile et niais qu'il tranche véritablement d'avec le portrait dérangeant et pinçant de Heydrich.
Le film est heureusement sauvé par la mise en scène de Cédric Jimenez qui, si elle fait parfois par excès de confiance de ses qualités des défauts (un peu de prétention et de symbolisme exagérés viennent polluer l'ensemble), brille par son efficacité, par son traitement des couleurs, par sa maîtrise du grain de la pellicule, par ses plans séquences, ses effets de style et sa caméra portée qui appliquent un modernisme stylisé et brutal à un film d'époque, rappelant par moment (sans l'égaler) l'esthétique du sous-estimé Public Enemies de Michael Mann.
C'est aussi, en plus de l'esthétique et de l'interprétation du couple principal, une vision violente et parfois dure de la guerre, une bande originale robuste, et une gestion habile du suspens et du stress qui sauvent ce film d'un traitement trop hollywoodien de cet épisode tragique de la guerre.
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le 25 janv. 2021
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