Et quand je dis que Michael est de retour, je ne parle évidemment pas de moi... comprendra qui pourra. Bref, dans cette nouvelle critique, nous parlerons du - nouveau - remake consacré aux folies meurtrières de Michael Myers, prenant place quarante ans après le premier film de John Carpenter, faisant l'impasse au passage sur toutes les suites de ce dernier, et nous conte l'affrontement final entre Laurie Strode et le croquemitaine qui la hante depuis le soir d'Halloween 1978.
Depuis quelques années maintenant, remettre sur le devant de la scène des sagas qui avaient eu un certain succès à une certaine époque est devenu monnaie courante. Que ce soit chez nos amis américains (Universal: «La momie», Fox: «La planète des singes», Warner: «Ça», Lionsgate: «Blair witch», Sony: «Spider-man») ou même chez nous (Europa corp: «Taxi 5»), on a vu ce que ça pouvait donner. Et comme dirait l'autre : pour le meilleur et pour le pire. Enfin, pour le pire du côté français du moins.
Pourtant, du côté de chez Blumhouse, producteur de nombreux films d'horreur à petits budgets de ces dernières années, il n'y avait pas eu l'ombre d'un remake ou d'un reboot dans ses cartons depuis sa fondation. C'est désormais chose faite cette année avec ce nouvel «Halloween» qui débarquera dans les salles françaises fin octobre. Et comment est ce nouveau remake?
Eh bien il est très bon ! Surprenant dans son approche particulièrement posée, «Halloween» a tout d'un bon film d'horreur. Proposant une histoire solide et s'écartant de tous les clichés des films d'horreur actuels (dixit ceux produits par Blumhouse), nous sommes loin de l'approche bourrin et des grosses péripéties balancées à tour de bras des autres films d'horreur. En effet, ce n'est qu'après trois quarts d'heure de développement que le film nous plonge réellement dans les péripéties meurtrières de Michael, il prend son temps d’abord pour mieux nous plonger par la suite dans le cauchemar d'Haddonfield : le parti-pris était risqué mais réussi. Personnellement, je préfère cette approche réfléchie : nous avons le temps d'apprécier chaque personnage et de comprendre les relations qu'ils partagent entre eux, ce qui renforce assurément l'attachement que l'on porte à chacun.
Pourtant, en soit, le film n'a rien d'une élaboration miraculeuse : comme quoi, les vieilles recettes aux mains d'un réalisateur qui sait ce qu'il fait marchent toujours. David Gordon Green, après ses comédies «Délire express» et «Votre majesté» et ses drames «Joe», «Manglehorn» ou encore plus récemment «Stronger», s'attaque au genre de l'horreur avec une belle maîtrise. De beaux jeux de lumière, des angles de caméra parfaitement choisis pour augmenter la tension et du gore modéré, jamais kitsch, c'était tout ce qu'on attendait d'un film comme «Halloween». C'est surtout ce dont avait besoin d'un film comme lui, un film qui ne se fout pas de la gueule de ses spectateurs et qui respecte ses fans : à partir de là, on peut considérer le film comme une réussite.
«Halloween» réussit globalement tout ce qu'il entreprend en proposant un scénario malin, des personnages moins bêtes que la moyenne, une esthétique globalement glauque (mention spéciale au camp d'internement) ainsi qu'une réalisation maîtrisée amenant à une demi-heure finale absolument dantesque, digne des meilleurs films d'horreur de ces dernières années (coucou James Wan). Y'a pas à dire : en étant aussi pétrifiant, anxiogène, badant et psychotique, «Halloween» s'impose comme étant à coup sûr la meilleure sélection horrifique à voir au cinéma le 31 octobre. Merci Michael !
15/20