S'attaquer à un mythe comme celui de Michael Myers, ce n'est pas chose facile. Ce que réussit à faire David Gordon Green, c'est de réaliser un hommage à La Nuit des Masques, qui s'inscrit complètement dans sa continuité, et qui parvient même à le magnifier. Michael et Laurie attendaient... Il a fallu que les journalistes aillent directement les chercher, pour qu'à nouveaux ces deux-là nous offrent du spectacle.
Dès le générique du film, Halloween s'annonce comme une renaissance, métaphorisé par la citrouille qui se gonfle, mais indique tout de même, de par les écritures et la musique de Carpenter, que le film s'inspire des années 70, et s'apprête à rendre hommage à La Nuit des Masques.
Et nous sommes servis ! Par la nostalgie d'une période qu'il n'a pas vécu, David Gordon Green nous sert en références diverses tout au long du film.
Certains plans sont presque calqués sur La Nuit des Masques, comme le moment où Jamie Lee Curtis tombe du haut du balcon, puis disparaît. Certes, c'est une copie quasi-identique, mais cette fois-ci ce n'est plus Michael Myers le prédateur. De même, on voit quelques clins d’œil à Carpenter, comme le passage d'un de ses films dans l'une des télévisions.
Pourtant, le film n'apparaît pas comme une copie du premier. Les personnages ont évolué, et ont des rôles différents de La Nuit des Masques. Ils sont approfondis, à commencer par Laurie, qui devient presque monstrueuse de par la paranoïa qu'elle a développé suite aux évènements de 1978. Michael Myers, quant à lui, reste complètement fidèle au personnage du film de 1973.
Il ne dit mot, marche toujours aussi lentement, paraît toujours aussi inhumain. Il agit comme 40 ans auparavant : on a d'ailleurs droit à une magnifique scène de meurtre en plan-séquence où on le suit dans une maison, dans laquelle il tue toujours au couteau.
Un de ses meurtres paraît un peu irréaliste, celui où il écrase la tête de son psychiatre. J'ai plus pris ce meurtre comme une métaphore, sachant que celui-ci vient de dérober le masque de Michael, il mérite alors de se faire retirer son visage, à lui aussi.
Car oui, le visage de Michael n'est autre que son masque : jamais on ne voit son vrai visage. Ça n'aurait eu aucun intérêt : Michael Myers n'est pas humain, son visage, c'est le masque.
Ce film réussit l'exploit de doser parfaitement le respect pour la franchise et l'appropriation de l'histoire. D'ailleurs, dès le début, le ton est donné : ici, on respecte l’œuvre de Carpenter.
La scène dans laquelle un enfant dit qu'après tout, de nos jours, il y a beaucoup de choses pires que les meurtres de Michael Myers. Une copine lui répond tout simplement "ta gueule", qui s'adresse ici, à mes yeux, aux spectateurs désapprobateurs, qui dédramatisent les évènements et se moquent de l’œuvre de Carpenter.
Pour ceux qui aiment cette saga, l'Halloween de David Gordon Green est une bonne suite, qui fait honneur à l’œuvre originale, et qui est raconté avec beaucoup de pudeur, sans trop prendre de parti-pris. En plus, retrouver la musique d'origine, ainsi que quelques ajouts, c'est du pur bonheur, la BO contribue largement au plaisir du visionnage.