C’est peut-être le moment de rappeler les bases et de faire le ménage, à l’heure où ce qui a été produit depuis quarante ans sous le label Halloween paraît s’estomper pour libérer de l’espace, et où le succès du Conjuring Universe prouve que le fana d’horreur a d’abord horreur du vide. Il y a pourtant quelque chose qui reste, de ce qui est plus une série de films qu’un tout ressortant d’une même licence, et ce quelque chose est aussi ce qu’on est en droit d’attendre, puisqu’il s’agit des principes du slasher, et naturellement du papa de tous les croquemitaines. Après le retour de Michael Meyers et de Laurie Strode, avec un opus à part car sans l’un ni l’autre, mais aussi le remake de Rob Zombie et sa sequel, puisqu’un volet siglé Halloween est généralement suivi d’une suite directe, on a pourtant l’impression que tout a été dit. On pourrait même se demander si tout n’a pas été dit dès le premier, mais ce serait sans compter sur les chiffres que certains font parler à la place des hommes, car une Nuit des masques ne coûte pas grand-chose, étant donné que l’actrice principale ne coûte pas grand-chose, que le méchant est un anonyme sans visage, et que les effets spéciaux ne réclament pas de CGI, ce qui suppose tout de même de trouver un bon réalisateur. Ainsi donc, il a été brièvement question d’un Halloween returns qui aurait dû se placer après Halloween II, mais quelqu’un décida qu’il fallait être plus clair sans pour autant tenter le reboot, donc faire une nouvelle suite au film des origines tout en lui donnant le même nom, ce qui supposait peut-être de trouver un réalisateur autre qu’un abonné à la télé.
Se préparer toute une vie comme Laurie pour aboutir grâce à une facilité de scénario, car Michael s’évade tout bonnement lors d’un transfert et très précisément quarante ans après sa tuerie, c’est quand même dommage. Mais ça donne la bonne idée de la maison qui hésite entre piège et prison, et qui fait oublier les quelques erreurs de mise en scène, quand elle revient à imiter le maître pour faire surgir la bête, alors qu’on a bien vu que Michael passait par le côté pour entrer par derrière. La veille de la Toussaint reste un buffet pour lui, et un jeu du chat et de la souris pour nous, qui cherchons avec l’héroïne s’il n’est pas caché parmi ses mannequins plutôt que ses vêtements, car elle garde des mannequins pour s’exercer au tir. La variété des manières de tuer, la musique approfondissant la tension, et le courage de ne pas épargner les personnages introduits au début ni le seul policier revenu du premier volet, tout cela concoure à l’efficacité. Mais la belle idée de faire du masque un vecteur, qui laisse une impression d’inachèvement, laisse surtout celle de la nouveauté, d’autant qu’elle s’ajoute aux ressemblances entre Laurie et Michael, pour opposer celui qui a cherché à traiter le mal en y succombant, à une famille qui a trouvé le traitement définitif, mais dont l’héritage est ce que la dernière garde en main à la fin.
Pour public averti (et qui compte sur la présence en production de Blumhouse ou de Carpenter) : Halloween (2018) de David Gordon Green (distingué d’un Ours d’argent pour une bromance entre peintres en lignes sur les routes, ce qui est tout de même assez éloigné des prérequis), avec Jamie Lee Curtis (la maman de toutes les « scream girls », qui s’est autant investie dans le projet qu’elle y a investi) et deux acteurs pour un seul Michael (rebaptisé The Shape comme dans le premier, où il ne porte son prénom que lorsqu’il ne porte pas son masque de William Shatner)
Avis publié pour la première fois sur AstéroFulgure