A l’instar des films Marvel, les films Blumhouse se ressemblent tous. De par leur esthétique, leur ambiance et le jeu de leurs acteurs, ils sont identifiables dès leurs premières secondes. Il semble que Blumhouse ambitionne de devenir le Marvel des films d’horreur.
Qu’on les aime ou pas, ces films rapportent beaucoup d’argent sans avoir l’air de demander beaucoup de temps ni de talent de la part de ceux qui les font. Les films Blumhouse ne sont pas compliqués. Ils font un tout petit peu peur, ils racontent une histoire très simple, et présentent de jeunes acteurs peu talentueux jouant des jeunes adultes privilégiés et peu attachants mourir dans des souffrances plus ou moins atroces. Évidemment, « Get out » est plus travaillé et porte une thématique beaucoup plus forte, mais il faut tout de même avouer qu’on y retrouve la marque de fabrique Blumhouse.
Voir passer "Halloween" entre les mains d’une maison de production à ce point identifiable avait de quoi inquiéter quant au résultat final. Comment faire une suite du film que certains considèrent comme le premier "Slasher" de l’histoire du cinéma, réalisé par l’un des plus indisciplinés réalisateurs de l’histoire, quarante années plus tard, avec le postulat que les autres suites n’ont jamais existé, tout en restant identifié comme un film Blumhouse et, toutes ces considérations prises en compte, parvenir à faire un bon film ? Réponse : autrement.
Les trente premières minutes sont plutôt bonnes, parce que le film prend son temps. Il pose des enjeux intéressants, car absents de ce genre de films : comment vit-on après avoir survécu à un tueur en série ? Quelle peuvent être les répercussions sur soi et sur ceux que l’on aime ? Peut-on réellement se relever d’une telle expérience ? Ces questions, le film les pose, et puis les oublie. Une fois Michael Myers dans la nature, on voit à peine le personnage de Laurie, alors que l’on s’attendait à ce que le film soit vu à travers ses yeux, ceux d’une victime qui a passé quarante années à attendre une vengeance, à se définir par elle. On la voit de temps en temps, entre deux meurtres fainéants, qui présentent une ou deux bonnes idées de mise en scène, mais qui ne suffisent pas pour racheter une atmosphère bien ennuyeuse.
L’autre thème intéressant du film se situe à la fin, quand Michael arrive chez Laurie. A ce moment-là, pendant quelques minutes, la proie devient le chasseur et le chasseur devient la proie. Laurie a eu quarante ans pour se préparer à ce moment, et cela offre un commencement de scène prometteur lorsqu’elle passe au peigne fin chacune des pièces de sa maison pour trouver Michael, et les condamne derrière elle. Mais c’est tout. L’ensemble est prévisible, propre et fainéant. Trois mots qui définissent parfaitement l’esprit Blumhouse.
Mais à quoi pouvait-on bien s’attendre ? Peut-on vraiment se plaindre ? Va-t-on demander à une moto 125 cm³ de rouler aussi vite qu’une 750 cm³ ? Non, elle va faire ce qu’elle est capable de faire avec les moyens qu’on lui a donnés pour le faire. Si le but avait été de faire de "Halloween" un bon film, alors les personnes attachées au projet ne se seraient pas tournées vers Blumhouse. Si l’on travaille avec Blumhouse, on fait du Blumhouse, pas du John Carpenter (qui est pourtant producteur exécutif du film).
Il est facile d’élaborer des théories sur la genèse d’un film, mais cela fait aussi partie du plaisir du cinéphile. En l’espèce, il est tentant de penser que Danny McBride, acteur talentueux et sympathique, avait une idée précise de ce qu’il voulait faire lorsqu’il a écrit le scénario du film, et il est tout aussi plaisant de penser que les idées présentées plus haut étaient destinées à être développées, mais que les producteurs, soucieux de ne pas s’éloigner de leur recette miracle, aient posé un véto sur ces thématiques au profit d’une ligne directrice respectueuse de leur politique créatrice.