Contrairement à ma première idée, il n'est pas si évident de faire une critique de ce premier opus du sorcier balafré. Mais, je me suis lancée le défi de dire un petit mot pour chacun des huit films que compte la saga, donc il me faut m'atteler à la tâche.
Pourquoi cette critique s'annonce ardue ? Parce qu'à dire vrai, il n'y a pas grand-chose à dire ou à redire sur cette adaptation. C'est mignon, c'est gentillet et féérique avec un soupçon de danger mais pas trop. Les Dursley sont plus désopilants que méchants. Le monde magique est sucré, pétillant, amusant avec quelques touches de noirceur qui surgissent et s'effacent rapidement (Rogue, Touffu, le Miroir du Risèd...). Voldemort est déjà présent, mais il n'a pas encore étendu son aura maléfique alourdissant l'ambiance enfantine caractéristique des deux premiers films.
Certes, il y a des soucis de faux-raccords en pagaille, d'autant plus visible que le film est relativement court (il est plus facile de maintenir son attention tout du long) : Harry passe plusieurs fois devant les mêmes boutiques sur le Chemin de Traverse, croise les mêmes sorciers, Ron et Hermione ne partent pas dans la même direction alors qu'ils rejoignent la même table lors de la cérémonie de répartition, etc. Mais, compte tenu de la qualité générale du film, on peut laisser passer.
En effet, hormis quelques effets spéciaux caoutchouteux (les gobelins, le filet du diable) et les lentilles mal placées (Ollivander), les trucages sont plutôt bien faits et résistent mieux au temps que certaines sorties à budget plus important ou plus récentes (prélogie Star Wars par exemple). Mentions spéciales au Choixpeau magique, à l'échiquier géant de McGonagall et à Hagrid (qui est un composite d'un homme normal (Robbie Coltrane), d'un joueur de rugby gigantesque et d'une tête animatronic).
Les jeunes acteurs sont plus ou moins bons, mais j'ai clairement vu pire niveau jeu de scène par des enfants (Space Jam remportant la palme). Les adultes, par contre, sont irréprochables : Richard Harris, Maggie Smith et Alan Rickman dépeignent à la perfection Dumbledore (doux et drôle), McGonagall (sévère mais maternelle) et Rogue (odieux et suspicieux autant que suspect). Côté Moldus, Richard Griffith, Fiona Shaw et Harry Melling ne sont pas en reste pour faire de très bons (et ridicules) Dursley.
Concrètement, ce premier film est là pour poser les bases des suivants, tant d'un point de vue casting (le trio, les autres élèves, les professeurs...) que décoration (Poudlard bien sûr, mais aussi King's Cross, le Poudlard Express, Privet Drive...) ou même musical puisque certains morceaux de John Williams survivront aux changements d'équipe technique et de compositeur (John Williams cédant sa place après le film 3, pour Patrick Doyle, Nicholas Hooper et Alexandre Desplat pour le deux derniers volets). Beaucoup de bouleversements auront lieu par la suite (pour les besoins du scénario ou pour de simples raisons esthétiques) mais, globalement, Harry Potter à l'école des sorciers est la porte d'entrée au sept autres films ; ce qui le rend quelque peu indispensable à la saga.
On est très loin d'un chef d'œuvre, mais il ne demeure pas moins l'opus sur lequel il est difficile de critiquer autrement que de manière subjective (on aime ou on n'aime pas, point). Même d'un point de vue adaptatif, quasiment tout est là, sauf ce qui n'est pas utile au dénouement final ou à la continuité avec les autres volets. Moi, j'aime bien.