Une partie de moi meurt et vit avec cette licence

Regarder un film en sachant que c'est la dernière fois que l'on voit ses héros favoris est douloureux, à plus forte raison quand ces héros-là sont la représentation de son enfance et de son adolescence. La tristesse a parfois des raisons d'être douteuses tant le fan d'Harry Potter est un fan heureux. Le bonheur d'avoir vécu cette saga en temps réel est de prime abord un immense privilège. L'attente entre les livres et entre les films a permis un attachement incroyable pour un univers pensé brillamment. Je m'étais déplacé à Paris-Bercy avec 6000 autres fans pour voir cette conclusion épique en avant-première, renforçant encore davantage cette saveur si particulière lorsque le simple nom d'Harry Potter m'arrive en tête.

La base est solide. La première partie excellente. Il ne reste plus qu'à terminer l'histoire en beauté. David Yates a donc composé un film brillant de près de 4h30 pour conclure Harry Potter. Les deux dernières heures sont nécessairement épiques et riches en révélations. Le fan est encore mécontent de bons nombre d'éléments, mais certains passages marquent par l'impact laissé dans ma mémoire. Daniel Radcliffe, habillé de sa veste marron, crasseux et ensanglanté, se retrouve dans la pénombre, face à son plus mortel opposant. Harry Potter, héros populaire et terriblement courageux fait front seul face à la Mort. Voilà l'image gravée à jamais dans ma tête, d'un film qui me laisse systématiquement de côté tant les émotions s'emparent de moi.

La raison n'a plus de sens, autant que certains défauts de la licence refont surface avec notamment cette façon adolescente de faire des films. Harry Potter vaut mieux que ça, et je suis parfois en colère d'assister à certaines scènes maladroites. Mon reproche principal vient à la fin que je trouve bâclée, et le dernier passage dans le château m'étouffe de mauvais choix. Si le duel fratricide entre Tom Jedusor et Harry Potter est l'occasion d'affronter deux sorciers au talent hors norme, parfait du cinéma en somme, je regrette que le phrasé du livre ne s'y retrouve plus.

Je n'ai de cesse de me demander pourquoi en terminer avec Voldemort de cette façon-là alors que le traitement du personnage est PARFAIT depuis son apparition dans le 4. Ils avaient envie d'en finir surement depuis plus de 10 ans, mais il n'empêche que le duel verbal dans la grande salle au milieu de tous les autres, restés pantois, avaient de quoi me séduire. On dit toujours que l'impact des mots est plus puissant que celui des coups, et je regrette encore aujourd'hui que le monde entier ne se soit pas rendu compte qu'Harry Potter est un grand sorcier, ce que J.K.Rowling a parfaitement fait dans son livre. Le dernier choix agaçant de casser la baguette de sureau et de la jeter vulgairement sans réparer sa baguette achetée chez Ollivander me déçoit grandement, car ce simple geste veut pourtant dire beaucoup de choses...

En définitive, il aurait été préférable de rallonger encore le film de 15 minutes (oui je suis boulimique dès que ça touche la licence) pour terminer ce que la production avait si bien commencé, à savoir, conclure Harry Potter en deux parties. 15 minutes de dialogues explicatifs, de duel final, de révélations, de passage dans le bureau du directeur pour une longue conversation avec Dumbledore ? Au final, c'est le film le plus court de la saga pris individuellement. Dommage.

Avec du recul, le potentiel de l'univers d'Harry Potter est exceptionnel, et peut donner lieu à d'autres films passionnants. Les Animaux Fantastiques en sont une première approche un peu grossière à mon goût, mais la perspective de voir pourquoi pas un jour la première guerre des sorciers avec l'Ordre du Phoenix m'enchante totalement.

Harry Potter est indissociable du cinéma. Saga unique que seul le cinéma peut nous faire vivre, on oublie souvent ô combien c'est incroyable d'avoir pris un casting de quelques enfants et de les avoir vu grandir sous nos yeux, et en même temps que nous finalement. Arrivé les derniers instants la peine est là, et le seul moyen de s'en remettre est de relire les livres.

8/10.