On se souvient tous de La Route, très agréable surprise de 2010, qui suivait un père et son gosse dans un monde post apocalyptique. Une formule qui avait fonctionné à merveille et qui nous avait donné droit à des émules, comme le récent Stake land (qui rajoute des vampires) ou comme Hell, chroniqué aujourd’hui.


Si la Route ne se servait de son argument post apocalyptique que comme d’un contexte pour faire évoluer la relation père-fils dans un sentiment d’insécurité (obligeant le père à toujours rester vigilant pour protéger son fils), Hell joue clairement sur l’action ou le suspense. Il reprend des ingrédients très similaires à La Route, mais le traitement opéré est différent. Visuellement, le film est une réussite, le concept étant parfaitement retranscrit (postulat d’un réchauffement climatique brutal, les humains ne peuvent pas rester exposés au soleil longtemps sans voir leur peau brûler) par une surexposition de l’image dès qu’on sort d’endroits confinés. C’est plutôt joli, plutôt bien filmé (malgré un début qui fait peur avec une poursuite caméra à l’épaule qui rappelle trop la première partie d’Harry Potter et les reliques…), et surtout efficace niveau suspense (une des deux sœurs est kidnappée par une bande de maraudeurs, sa récupération devient l’enjeu du film). S’appuyant sur un excellent climat psychologique (les caractères de chaque personnage sont transparents, ou le deviennent avec le dialogue), sur une gestion efficace de la violence (on reste dans le moins de 12 ans alors qu’on a affaire à une ferme de cannibales), le film se suit avec un plaisir constant, préférant l’efficacité aux discours désespérés en voix off. Cette alternative à la Route est donc une réussite, devenant un divertissement intelligent et artistiquement abouti qui tient totalement ses promesses. Pour les cannibales détrousseurs de survivants, rien de bien nouveau en revanche. Massacre à la tronçonneuse semble, comme d’habitude, être la référence employée pour dépeindre leur personnalité (un petit bénédicité avant un repas douteux, mais les sœurs, qui ne terminent pas dans l’assiette, sont gardées pour la reproduction). La nature du Producteur (monsieur Rolland Emmerich, le mec qui a beaucoup exploité les catastrophes au cinéma) ne semble jamais intervenir dans l’œuvre, qui n’a vraisemblablement souffert d’aucunes pressions pour sa réalisation, ce qui lui laisse une liberté assez bienvenue avec un modeste budget, jouant beaucoup dans la fraîcheur du film (le pistolet à bestiau, c’est pas demain la veille qu’on en verra un chez Rolland)… Toutefois, bémol sur la fin ouverte, qu’on aurait aimé un peu plus conclusive (en gros, le voyage continue, mais sans nous, spectateurs). Si dans le fond, le film brode un peu sur du déjà vu, son climat est vraiment réussi, et vaut largement le détour. 10 euros semble être la juste somme.

Voracinéphile
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le 15 déc. 2015

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