(Attention, spoilers majoritairement non cachés).
Comme beaucoup, j'étais dubitatif à l'idée d'un reboot d'Hellboy même après le désastreux Les Légions d'or maudites.
Faut dire qu'on avait un 1er Hellboy respectant très bien l'atmosphère à la Mike Mignola avec Ron Perlman (mais avec quelques longueurs inutiles, un bestiaire un peu pauvre et un compagnon inutile), mais que le 2 était trop comique et embarrassant ou coloré en comparaison (essayant d'être trop tout public et avec des civils aussi ingrats que dans les comics Marvel).
C'est sûr, la bande-annonce ne donne pas envie car se focalisant trop sur les blagues pourris d'ado ou de beaufs ou sur un aspect style Les Gardiens de la Galaxie. Sauf que la 1ère bande-annonce ne dévoilait pas assez son délire et n'en ressortait que le pire.
Mais avant, parlons des mauvais aspects du reboot :
- Les comis Hellboy d'origine ont droit à un respect sur le fond et
la forme assez fluctuant dans cette adaptation, parfois trop
colorée et trop légère ;
- Par exemple, on reprend une histoire de Hellboy au Mexique où le
héros se battait contre un catcheur à la Santo transformé en
vampire. Même si l'idée de départ semble ridicule, c'était plutôt
bien mis en scène dans les BD, mais trop pimpant dans le film dû à
l'absence de spectateurs zombies.
- L'intro du début et les origines ne sont pas bâclées mais précipitées
quand même (reboot oblige, il faut se retaper les origines
d'Hellboy mais avec un bébé encore plus moche).
- Certains effets 3D trop visibles ou décalés à l'écran mais pas sans qualité.
- Dans la scène où Gruagach se fait passer pour Alice jeune mais est
démasqué et doit la rapporter (car faisant partie d'un Petit peuple
voleur d'enfants), qu'est-ce qui empêche Gruagach de ne pas
respecter sa promesse ?
- Quelques autres incohérences et scènes prévisibles, notamment un Hellboy
qui se fait maraver facilement par des chasseurs millénaires du Club Osiris, mais
arrive à tuer 3 géants anthropophages comme qui rigole malgré des
taillades profondes.
- D'ailleurs... comment des chasseurs ayant un millénaire
d'expérience en matière de chasse aux géants arrivent-ils à vaincre
facilement un démon apocalyptique, mais se font surprendre et bouffer comme des
cons par des géants bien visibles et pas discrets du tout ?!
- Les autres sorcières et le Petit peuple sont vraiment stupides s'ils
pensent pouvoir retourner leur veste et rejoindre Nimue sans effort
ou sans conséquences.
- Le personnage du Pr. Broom est le moins bien respecté du tas mais n'est
pas mauvais non plus, c'est juste que cette adaptation en fait plus
un homme d'action méga viril plutôt qu'un érudit dans les BD. Mais
les deux versions ont foi autant en l'Humanité qu'en Hellboy.
- Même si le maquillage et le jeu d'acteur pour Hellboy sont plutôt
bien, il n'empêche que ça rappelle furieusement Jack Black de
Brütal Legend et que le héros à l'air constamment bourré et malmené (la scène post-générique peut paraître un peu hors
personnage ou embarrassante pour certains).
- Enfin, le film a vraiment trop l'air par moment de vouloir faire de notre
diable rouge et du B.P.R.D. des super-héros du paranormal, alors
que ce sont juste des détectives de l'occulte à la base. En même
temps, une rumeur prétend que ça aurait dû être un film B.P.R.D.
à la base, ce qui expliquerait tout...
Bons côtés et franches rigolades
- Toutefois, le reste reste une adaptation à la fois fidèle et originale et prend des éléments venant à la fois de cette histoire
sur le Petit Peuple voleur d'enfants, de Hellboy au Mexique, de La
main droite de la Mort, de Trolls et Sorcières et surtout de La
Grande Battue.
- Le film est donc un condensé de mythologies principalement anglaises
et arthuriennes (dans lesquelles Hellboy est issu de l'union entre
une sorcière descendante du roi Arthur et d'un démon, faisant de lui
à la fois le prince légitime d'Angleterre et le potentiel destructeur
de l'Humanité).
- Les origines de Hellboy sont remontrées rapidement, mais rajoutent
Lobster Johnson et son côté pulp's pour buter du nazi (bien que Kroenen soit relegué comme simple type masqué).
- Aparté : d'ailleurs, les nazis ont des espèces de lunette 3D et j'ai
vu le film version VF et normal. Aucune autre séance pour le film
n'était en 3D. Le film sous-entendrait-il que la 3D est un truc de
nazi ? XD Oh attendez, je viens d'avoir un trophée Xbox.
- Gruagach est inspiré à la fois d'un démon à tête de sanglier des comics Hellboy et du Petit peuple qui volait des enfants dans une
autre des BD, et il s'insère parfaitement dans le film malgré
quelques motivations floues ou peu pertinentes.
- Ça plus Milla Jovovich qui avait contribué à ruiner Resident Evil
mais qui fait une excellente Nimue immortelle revancharde + Ben
Daimio qui se transforme en félin-garou, y a de quoi faire un immense
réservoir de memes du style :
"Des anti-furries appellent un exorciste car leur bébé est un furry" ou bien "Un furry s'allie à Satan contre l'esprit du grand méchant Capitalisme" ou "Après avoir ruiné Resident Evil, Milla Jovovich condamnée à être enfermée pour l'éternité" - 2019, colorisé XD. Ceux qui ont vu le film comprendront, y a pas assez d'images fuitées pour illustrer ça.
- Le film soulève un point intéressant : pourquoi Hellboy ne
devrait-il pas se sentir désolé de buter des monstres qui ont des
liens de parenté avec lui, tandis que les humains exterminent aussi
des monstres parfois sans raison (sauf que Nimue et compagnie sont
vraiment nuisibles).
- Superbe déconstruction du mythe d'Excalibur, présenté comme pervertie et outil de destruction plutôt que de sauvetage.
- Enfin, le reboot offre beaucoup de sang, de bidoche et de créatures cauchemardesques parfois digne de Lovecraft car il déchaîne l'Enfer
sur Terre à l'écran : on ne s'attendait pas à un tel déferlement de
violence gore même de la part du 1er film. C'est la bonne
surprise du film, et c'est ce qui le sauve également.
J'avais des à priori, mais le film offre de bons éléments et mérité d'être regardé même si son traitement est plus proche de Thor : Ragnarök que du 1er film. Il offre des concepts intéressants : maintenant, j'ai envie de voir une suite ou un film Lobster Johnson.