Ce film a été descendu par les critiques au pays de Trump, notamment par le site Rotten Tomatoes dont les avis éclairés tiennent lieu de parole d'évangile. Il s'est alors cassé la gueule au box-office dès son premier week-end.
Qu'est-ce qui justifie cette excommunication ? J'avoue que c'est incompréhensible, peut-être la nostalgie de la version del Toro.
D'abord, notre ami mexicain n'a pas inventé le personnage, la BD lorgne plus vers le film noir surnaturel mélancolique, alors que les deux premiers films rendent le héro plus sympathique et ajoutent un côté à l'eau de rose (rappelez-vous la chanson can't smile without you...). Donc jugeons le film en prenant du recul, la décision de faire un remake plutôt qu'une suite n'est pas le sujet ici.
Celui-ci est nettement plus violent et garde une bonne dose d'humour, mais n'est pas plus adulte pour autant. Les blagues sont parfois un peu puériles, je pense par exemple à la scène du baiser.
La bande annonce lassait présager quelque chose qui avait de la gueule, et effectivement il n'y a rien à redire côté effets spéciaux.
Contrairement au deuxième film qui est une histoire originale, là on adapte la bd en donnant le plus de consistance possible à l'univers : on a un flash-back sur la naissance d'Hellboy avec une courte apparition des méchants du premier film et d'un autre personnage important du comics, on a aussi la sorcière russe Baba Yaga, et d'autres encore qui sont annoncés dans les scènes post-générique. Clairement des graines sont semées en vue d'éventuelles suites alors que les intrigues des deux premiers films n'avaient rien à voir entre elles.
Cependant l'histoire s'éparpille entre les différents personnages et sous-intrigues trop déconnectés les uns aux autres : le vampire au début du film, le roi Arthur, les alliés d'Hellboy, la vengeance de Gruagach, Baba Yaga, l'affrontement avec Nimue, l'apocalypse qui est le destin d'Hellboy... Le bas blesse surtout au niveau des personnages, on ne s'attache pas à eux, la structure décousue de l'histoire rend impossible tout développement. Les motivations de Nimue, la guerre des monstres contre les humains, passent pour un recyclage du deuxième film (à moins que ce ne soit l'inverse ?).
Le combat final m'a un peu laissé sur ma faim, contre un larbin de Nimue qui ressemble à une version horrifique d'un méchant des tortues ninjas, on aurait pu trouver mieux. Il n'y pas de grosse bataille épique, l'apocalypse n'est qu'entr'aperçue dans une scène où les démons de l'enfer débarquent en ville qui est parfaitement réussi.
Hellboy est un petit film sympathique avec un gros budget, ses défauts inspirent plus de la frustration que de la déception.