Avec ses apparats artys à la limite du hipsterisme aigu (moustaches à tout bout de champ, musique post-folk mélancolique), Her a largement de quoi paraître agaçant au premier abord. Mais le pari du concept (Joaquim Phoenix qui parle pendant 2h à son oreillette), et le parti-pris déstabilisant de représenter l'OS, dont il tombe amoureux suite à une rupture difficile, comme une IA aux réactions profondément humaines sont plutôt bien tenus.
Évidemment Spike Jonze soigne son visuel, et ce dans le moindre détail, sans pour autant tomber dans le tape-à-l’œil. Le choix de l'affiche est d'ailleurs bizarre, tant le film use de couleurs estompées et apaisantes. La description d'un futur proche familier est réussie, et, sans prétendre révolutionner la science-fiction, installe un cadre très précis pour le développement de cette histoire d'amour qui oscille ingénieusement entre le malsain et le cocasse.
La morale de l'histoire peut paraître neuneu
rien ne vaut la chaleur humaine, no shit
et laisser un sentiment de "tout ça pour ça", mais les acteurs sont tellement parfaits, et la description des sentiments si juste qu'il est difficile de la rejeter totalement. Quelques menus défauts (une certaine nonchalance dans le récit, la prestation parfois un peu agaçante de Scarlett Johansson, qui "incarne" la voix de l'OS), ainsi que l'impression de détachement qui émane du film, sans doute due au sujet, mais aussi à l'esthétique "parfaite", empêche de se projeter complètement dans le film.