L'univers d'anticipation que présente Her est vraiment attrayant. A l'image d'un épisode de Black Mirror, on se projette dans un futur proche dans lequel l'intelligence artificielle obtient une place de choix dans la vie de chacun. Mais après tout, ce film parle-t-il vraiment du futur ?
Il ne faut pas s'imaginer trop lointaine la situation dans laquelle se retrouve Joaquin Phoenix. Je pense que la voix de Scarlett Johansson reflète le lien que nous entretenons d'ores-et-déjà avec nos appareils électroniques. Bien sûr, le trait est exagéré, on ne tombe pas encore littéralement amoureux d'un robot, mais on porte déjà une affection certaine pour notre matériel. Et en cela, Her doit être l'un des films les plus importants de la décennie, car un des plus dénonciateurs de la société, derrière ses airs de romance.
Mais bien entendu, dans sa forme, il s'agit bien d'une romance. Et même d'une des histoires d'amour les plus originales et réussies que j'ai pu voir. Her parle directement à notre ressenti et à notre sensibilité. Joaquin Phoenix n'a de cesse de nous toucher à travers des rôles subtils et fragiles.
Tantôt puissant, tantôt gênant, mais toujours beau avec des ambiances aux couleurs couleurs et luminosités variées, on retient de Her une intense mélancolie. Toutefois, le film ne m'a pas tellement tenu en haleine.
On prend énormément de plaisir à découvrir cet univers, à la fois proche et éloigné du nôtre, mais l'intrigue ne tourne qu'autour de l'histoire entre Joaquin Phoenix et son OS, qui finit par se répéter un peu. Le style contemplatif, qui rappelle parfois Malick (notamment lors des scènes de flashbacks), peut être touchant, mais ralenti le rythme.
Her raconte certes une histoire plutôt incongrue dans un style lent et mélancolique, mais c'est aussi l'une des plus belles histoires d'amour du cinéma, qui soulève des questions essentielles sur notre rapport à la technologie.