Quand tu fais partie de la génération “jeux en ligne/internet”, un film sur un mec tombant amoureux d’une entité virtuelle, ça fait vachement envie. Tes potes “IRL” ont pas arrêté de te vanner quand tu disais que t’avais des potes “virtuels” et que c’en étaient de vrais. Avec ce film, tu te dis qu’il y a peut-être moyen de les attendrir ces enfoirés, et de les faire changer d’avis.

Résultat, le film est vraiment réussi. Super bien écrit. Le yoyo émotionnel fonctionne, surtout grâce à une crédibilisation de l’univers intelligente. Parce que dans ce genre de scénario, c’est quand même un des trucs les plus important. Si le spectateur rit pendant une scène dramatique, c’est que quelque chose ne va pas. Cette crédibilisation passe par plusieurs éléments :

L’époque. Futur proche, mais pas tant que ça. Sur le papier, à part quelques avancées techniques, ça pourrait se passer aujourd’hui. Mais il fallait créer une distance temporelle pour que ce monde soit possible tant il est utopique, comme le montre l’univers coloré et limite parfait, imagé par l’absence totale de grains de peau des personnages, maquillé au possible. Autant que l’image/la photo, avec des teintes blanches/pâles, appuyant l’idée de tranquilité et de monde paisible, sans bad guy, où tout le monde est gentil.
Cette idée est le coeur du scénario. Aucun(à une exception près) des personnages ne s’étonnent/s’offusquent des relations Hommes/OSs. Ils ne jugent pas, n’ont aucun a priori. Les seuls qui trouvent ça bizarre, c’est nous. Et c’est là qu’il y a remise en question. “Si ils y croient tous, pourquoi pas moi ?”. De plus, une des premières scènes du film est une scène de chat où Theodore, le héros, à un rapport sexuel avec une demoiselle, mais exclusivement via vocal. D’une part, c’est une scène assez marrante parce que surréaliste, donc le rire permet de désamorcer toute la tension et de faire passer la chose plus facilement, et d’autre part, si 2 être humains peuvent avoir un rapport uniquement par la voix, sans aucun contact physique, qu’est-ce qui les empêcheraient de le faire avec une entité dénué de corps ? C’est sensiblement la même chose.
Parce que ouai, les OSs ne sont pas de simples IAs, ils sont beaucoup plus développés et surtout, humanisés à l’infini. Ils ne respectent pas les 3 lois de la robotique, ne sont pas des esclaves(sexuels) à l’inverse des Eroges et autres Dating sim jap’, et surtout, peuvent ressentir des choses et ont un libre arbitre. Ça va même plus loin: l’OS peut même composer de la musique. C’est là que l’on comprend qu’il n’y a pas plus humain que ces IA. Comment quelque chose de radicalement mathématique comme une IA, pourrait comprendre le summum de l’abstrait et de l’indescriptible ?
L’absence de toute justification scientifique est donc tout à fait pertinente. On comprend donc qu’ici, la concentration est faite sur les sentiments, sur l'expérience vécue, plus que des détails qu’uniquement ceux qui ont fait spé math vont capter. A partir de là, on peut pardonner au film toutes les pseudos-incohérences soulevées ici et là. Pour ma part, le seul moment où je me suis poser des questions, c’est quand Samantha lui corrige ses fautes d’orthographes alors qu’on nous a montré plus tôt qu’il suffisait de parler à l’écran pour que le texte s’écrive tout seul. Difficile de faire des fautes d’orthographe dans ce cas.


Finalement, dans ce film, on est peu comme Samantha. On ne vit rien, on est à extérieur de ce qu’il vit(qu’ils vivent), simple spectateur. Et pourtant, comme elle, cela ne nous empêche pas d’être touché, de ressentir plein d’émotions, loin de tous les préjugés qu'on pourrait avoir. Et en ça, le film est vraiment réussi.
Ghettoyaco
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le 21 mars 2014

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Ghettoyaco

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