"Her", ou comment passer du rire aux larmes. Le spectateur qui se trouvait derrière moi à la séance vous en dira des nouvelles, ayant oscillé entre rire à grande voix pour ensuite lâcher toute sa tristesse dans ses chaussettes, lors des dernières secondes du film. Donc, comment caractériser plus précisément ce film ? Du point de vue purement cinématographique, les plans, les couleurs, les costumes, en gros, le Monde crée par Jonze est tout simplement magnifique, il nous offre une vision féerique et tout en poésie d'un futur pas si lointain que cela avec une omniprésence des tonds chauds à l'écran (le rouge en premier lieu), ce qui permet une identification immédiate pour une imprégnation universelle. La BO, quant à elle, s'incorpore de façon malicieuse (oui on peut trouver ce mot pour caractériser une BO) dans le scénario, ce qui rajoute une touche d'originalité particulièrement appréciable. Entre moments libidineux et certains autres malsains, en passant par ceux cités plus haut, notre réalisateur tant adoré des fans de Fatboy Slim et/ou des Beastie Boy fonde un rapport de l'homme à la machine psychologiquement et émotionnellement réel, ce qui amène à une interrogation : s'agit-il d'une critique ou bien d'une simple histoire, sans aucune morale sur l'avenir de la technologie ? La machine pourra-t-elle remplacer l'humanité, du fait de sa perfectibilité ? Que va t-il advenir de notre relation sociale ? Des notions d'amitié, de sympathie, d'amour ? J'ai longtemps rêvé, et en cela j'ai trouvé certains moments d'une longueur à la limite de l'ennui (mon voisin de gauche le symbolisant par des soupirements longs et soutenus), que l'appareil de Joachim Phoenix, absolument irréprochable dans le film, affiche "plus de batterie". Non pas que la voix de Scarlett Johansson soit méprisable (j'ai vu le film en VOSTFR), bien au contraire car faire ressentir autant de choses par une simple intonation relève de la performance, mais ça faisait un peu peur par moment de voir un attachement aussi fort : ma voisine de côté (big up!) a d'ailleurs très bien exprimée tout son dégoût devant l’absurdité de certaines scènes. Si le côté diégétique du film, et les choix de scénario ne sont pas tous pertinents, il n'empêche que "Her" est un film qui est déjà culte, par son histoire, par son humour, par son ambiance, par ses petits rôles aussi (Chris Pratt tout simplement génial), et par le fait que l'on ne ressort pas nécessairement indemne de ce film. J'aurais bien fini cette critique à mon sens trop courte pour l'ampleur que constitue le film en finissant le tour de table en anectodant sur mon voisin de devant, mais malheureusement rien à se mettre sous la dent. Ce n'est pas grave, j'avais en face de moi le film, et il a été d'un bien meilleur réconfort.