La maîtrise de Spike Jonze est tant scénaristique, que technique.
Il réussi à lier la poésie d'un drame romantique avec l’émerveillement qu'apporte un bon film de Science Fiction. Toutes les images sont sublimes, grâce à la présence de couleur rouge-orangé qui délecte l’œil mais aussi une décoration épuré montrant, une fois n'est pas coutume, un futur envisageable sans drone futuriste ou autre aliène digne des plus grands films de SF. Le style visuelle n'est pas sans rappeler un film de Sofia Coppola que j'aime beaucoup Lost in Translation, avec ce côté urbain sophistiqué qui marque l'élégance du style romantique.
Les acteurs sont très justes, ce qui rend la relation entre Theodore (Joaquin Phoenix) et la voix de Samantha (Scarlett Johanson) réaliste.
Néanmoins Spike Jonze n'a pas voulu façonner un personnage avec une palette d'émotion plus étendu, et reste dans une direction d'acteur classique. Alors qu'il aurait pu aisément travailler plus en profondeur avec un acteur aussi talentueux que Joaquin Phoenix.
Malgré cela sa dulcinée Samantha est bluffante de réalisme, et le comble c'est que son personnage artificielle devient plus concret que son « âme sœur ». C'est aussi le cas d'autre personnage comme Charles, un ami de Theodore, qui est un personnage froid. Ce n'est ni un problème d'acteur, ni souci scénaristique, c'est une qualité de mise en scène. Je m'explique. Spike Jonze a voulu mettre en exergue la vie désocialisée des humains ; qui en manque d'affection réelle recherche de l'affection artificielle. Notamment à travers la scène dans laquelle Samantha ce sert du corps d'une vraie femme pour assouvir les envies sexuelles de Théodore. Le plus intéressant dans tout cela c'est Theodore qui repousse cette femme et donc renonce à ses envies de chaire, il devient pour le spectateur une personne plus psychique que physique.
J'ai aussi apprécié le travail musical, et plus globalement le travail sonore, qu'on retrouve tout au long du film. Effectivement cette musique jouée au piano qu'on entend quand les sentiments de Theodore sont à leur apogée, sur la plage par exemple, a la qualité d'être intemporelle tout comme l'idée d'amour impossible récurrente dans beaucoup d’œuvre.
Her est un film qui fait du neuf avec de l'ancien. Il dégage une fraîcheur que j'apprécie, et une critique de la dépendance au virtuel que je trouve très pertinente selon moi.